Le journal « Le Monde » a révélé qu’Alain Gardère, préfet et ancien directeur de cabinet adjoint de Claude Guéant au Ministère de l’Intérieur, s’est vu attribuer en 2014 un logement social à Puteaux dans des circonstances troubles, et ce malgré des revenus mensuels largement au-dessus des critères sociaux requis.
Le voile a été levé par Christophe Grébert, élu Modem de Puteaux et opposant à la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud (Les Républicains), mardi 5 juillet en conseil municipal. « Comment expliquer qu’un haut fonctionnaire, propriétaire de 10 appartements et déclarant plus de 190.000 euros de revenus annuels, ait obtenu un logement social de 3 pièces appartenant à l’Office Public de l’Habitat de Puteaux », a-t-il questionné dans une séance rapportée par Le Monde. La situation est d’autant plus troublante que selon les chiffres publiés le 30 juin par Mediapart dans le cadre d’un enquête sur les réseaux du préfet concerné, Alain Gardère – qui était également directeur du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS) jusqu’à sa mise en examen en janvier pour corruption passive, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux et détournement de fonds publics – toucherait un salaire mensuel de 9.800 euros, une prime annuelle de 18.000 euros et 55.000 euros provenant de ses 10 appartements en région parisienne.
Le logement social en question, un 3 pièces de 75m2 situé dans le nouveau quartier du théâtre, selon les propos de la maire de Puteaux rapportés par Le Monde, est loué 2.000 euros par mois et appartient à la « gamme haute » des logements sociaux. N’en reste pas moins que pour bénéficier d’un HLM dans cette zone géographique, le plafond de salaire annuel est fixé à 45.000 euros pour un couple et que le code de la construction dispose qu’une personne ayant déjà un logement répondant à ses besoins ne peut se voir attribuer un logement social. Or il semblerait que Alain Gardère avait plutôt l’embarras du choix dans ses propriétés immobilières.
Selon Christophe Grébert, « monsieur Gardère a obtenu un gros piston de l’office Public de l’habitat de Puteaux », organisme attribuant les logements sociaux et présidé par la maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Cette dernière, questionnée publiquement sur la question, a assuré que la décision d’attribution du logement à Alain Gardère relevait de la préfecture des Hauts-de-Seine. Déclaration appuyée par Jean Veil, l’avocat d’Alain Gardère, qui ajoute que son client « ne bénéficie d’aucun avantage économique » avec ce logement car « il paye un prix supérieur au marché pour cet appartement« et que ses 10 autres appartements « sont loués pour pouvoir les payer ».
La préfecture des Hauts-de-Seine dément quant à elle l’assertion de la maire de Puteaux et affirme dans un communiqué qu' »Alain Gardère n’a jamais figuré sur les listes d’allocataires proposés par les services de l’Etat, qu’il s’agisse des publics prioritaires ou des fonctionnaires, sur le contingent préfectoral relevant de l’OPH de Puteaux. » Les conditions dans lesquelles le préfet a obtenu son logement restent donc floues. Provoquant cette réaction d’Emmanuelle Cosse, ministre du Logement : « Cette situation, qui déroge aux principes et aux règles d’attribution des logements sociaux, est totalement inaceptable. Toute la lumière devra être faite sur les conditions dans lesquelles elle est intervenue et les responsabilités en cause. J’y veillerai personnellement ».
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