Suspendue de sa fonction de présidente depuis le mois de mai, Dilma Rousseff avait ce mercredi 6 juillet l’occasion de se défendre devant une commission parlementaire. Cependant, elle a préféré envoyer une lettre dans laquelle elle clame son innocence et dénonce ce qu’elle qualifie « d’authentique coup d’Etat ».
La présidente du Brésil Dilma Rousseff, suspendue depuis le mois de mai et l’ouverture d’une procédure d’impeachment à son encontre, ne s’est pas présentée ce mercredi 6 juillet devant la commission sénatoriale chargée de recommander ou non sa destitution. Accusée d’avoir manipulé les comptes publics pour masquer l’ampleur du déficit et assurer sa réélection en 2014, elle a laissé à son ex-ministre de la Justice, José Eduardo Cardozo, le soin d’assurer sa défense. Lui a remettant une lettre dans laquelle elle dénonce « la farce juridique et politique » dont elle se dit victime, tout en mettant en garde les Brésiliens contre le « coup d’Etat institutionnel » que constituerait sa destitution.
Après avoir argué, sans surprise, que « c’est une personne innocente qui est jugée », son avocat a lu la lettre écrite par sa cliente. Elle s’y défend d’avoir « jamais détourné un seul centime du patrimoine public ». Se présentant comme « une femme honnête, une fonctionnaire dédiée et une défenseure des causes justes », elle rappelle son parcours politique depuis son engagement contre la dictature qui a gouverné le Brésil entre 1964 et 1985, et réaffirme qu’elle n’a jamais cessé de lutter pour la démocratie et la « construction d’une société plus juste ».
S’appuyant sur le mandat octroyé par les 54 millions de Brésiliens qui l’ont réélue en 2014, elle s’attaque ensuite à ses détracteurs. Sans citer son ex vice-président Michel Temer, qui assure l’intérim pendant sa suspension, elle dénonce « ceux qui ont recours à la trahison, au mensonge, et au putschisme pour arriver hypocritement au pouvoir ».
« Ne pas légitimer le coup d’Etat »
Rousseff a choisi de ne pas se présenter devant cette commission à la demande de ses conseillers, qui lui ont assuré que les 21 membres avaient déjà arrêté leur position en sa défaveur, et que sa présence ne pouvait que détériorer son image. Le sénateur du Parti des Travailleurs (PT) Lindbergh Farias a déclaré lui avoir demandé de ne pas participer à cette « partie de dés pipés, pour ne pas légitimer le coup d’Etat ».
En réaction à ces accusations, la sénatrice Simone Tebet, membre du Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB), a déclaré que « l’on ne peut pas qualifier de fraude et encore moins de coup d’Etat » un processus qui a amené la commission à cumuler « plus de 200 heures de travail » et à entendre 39 témoins. La sénatrice, issue du même parti que le président par intérim Michel Temer, avait déjà exprimé publiquement sa conviction de la culpabilité de l’ancienne protégée de Lula.
Dilma Rousseff risque bel et bien d’être destituée lors du vote final en séance plénière au Sénat le mois prochain, si la motion à son encontre reçoit le soutien des deux tiers des sénateurs. La procédure d’impeachment devrait se terminer à la fin du mois d’août, soit quelques jours après la fin des Jeux olympiques de Rio. Si elle est effectivement destituée, Temer assumera la charge de président jusqu’à la fin de l’actuel mandat, le 31 décembre 2018. Si en revanche elle sort indemne de ce vote, elle réintègrera immédiatement ses fonctions.
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