Arnaud Montebourg : "Le sarkhollandisme ouvre la voie à Marine Le Pen"

Peut-il incarner le renouvellement ? A 53 ans, Arnaud Montebourg pourrait déclarer, cet été, sa candidature à l’élection présidentielle et – si les conditions le satisfont – participer à la primaire du PS et de ses alliés radicaux et écologistes. Le troisième homme de la primaire socialiste de 2011 entend incarner une autre voie entre ce qu’il qualifie de « sarkhollandisme » et le projet « nationaliste et agressif » de Marine Le Pen. Dans « Marianne », il esquisse son programme de « réaffirmation de la France au niveau européen » et de « une restauration démocratique ».

Marianne : Quand on observe l’offre qui se dessine pour l’élection de 2017, on constate que la quasi-totalité des candidats de la dernière présidentielle pourraient concourir de nouveau. Les électeurs sont-ils condamnés à subir l’année prochaine un remake de l’élection de 2012 ?

Arnaud Montebourg : Deux projets sont sur la table. Le premier représente la fusion des libéraux de droite et de gauche dans une forme de « sarkhollandisme ». Il s’agit d’un projet libéral autoritaire appuyé sur les dogmes de Bruxelles qui fait qu’on vote, mais que cela ne change rien, constituant une sorte d’alternance fictive. C’est l’obsession de la dette, des déficits, et les vastes plans d’austérité, qui ont été mis en œuvre par Nicolas Sarkozy et poursuivis par François Hollande, sous des formes diverses et notamment fiscales, assorti d’un autoritarisme commun aux deux présidents pour les faire passer. Ce projet vise à rééduquer le peuple qui penserait mal. C’est la domination de l’élite sur le peuple. L’autre projet proposé aux Français, c’est le projet nationaliste, agressif et raciste, du Front national. Il veut organiser la dissolution de l’élite qui pense mal et agit mal, et qui doit disparaître sous les fourches Caudines de la vengeance populaire incarnée par la famille Le Pen. Dans les deux cas, nous avons à faire face à un projet destructeur pour le pays.

 

Comment pourriez-vous changer la donne ?

Notre pays est aujourd’hui dans l’inconfort au sein de l’UnionIl existe un chemin pour imaginer des solutions qui ne consistent ni à monter les élites contre le peuple, ni le peuple contre les élites, mais au contraire à unifier une partie du peuple et une partie de l’élite pour revenir aux fondamentaux du projet européen et assumer une réaffirmation de notre pays dans l’Union européenne. Comme le souligne Emmanuel Todd, au sein de l’Europe, l’Allemagne a déjà procédé à sa propre réaffirmation à l’occasion de la réunification, l’Angleterre vient à son tour de réaffirmer les fondamentaux de sa nation à travers le Brexit, en proclamant la supériorité de la souveraineté du Parlement anglais. Seule la France n’a pas encore procédé à cet aggiornamento. Car, finalement, les prémonitions de Pierre Mendès France, dans son discours de 1957 contre le traité de Rome, qui prophétisait la dérive technocratique de la construction européenne, se sont réalisées. Notre pays est aujourd’hui dans l’inconfort au sein de l’Union, il ne peut se tenir ni debout, ni couché. Il subit le châtiment que l’on infligeait au Moyen Age aux damnés de la terre et qu’on appelait justement l’inconfort.

 

Vous êtes prêt à porter ce projet en étant vous-même candidat à une primaire présidentielle ?

La décision sera prise et connue dans l’été. La question est de savoir si on peut empêcher une nouvelle victoire du sarkhollandisme. Je le crois, et c’est nécessaire ! Car, s’il l’emporte, à la prochaine alternance, ce sera alors le moment du chaos lepéniste. L’heure est donc grave. La responsabilité de chacun – la mienne y compris – est de trouver les voies et les moyens pour épargner une telle catastrophe à notre pays.

(…)

>>> Retrouvez cet entretien en intégralité dans le numéro de Marianne en kiosques à partir de ce vendredi 8 juillet.

Il est également disponible dès maintenant au format numérique en vous abonnant ou au numéro via  et Marianne sur Google Play

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply