Le Parti conservateur britannique choisit ce jeudi 7 juillet les deux finalistes à la succession de David Cameron. Parmi les trois candidats figurent deux femmes, favorites, ce qui inspire à bien des observateurs ce refrain qu’on aurait espéré ne plus entendre en 2016 : « Mais qui mieux qu’une femme pour faire le ménage ? »
Ils ne sont plus que trois – elles, si la majorité l’emportait en grammaire française. Trois ministres de David Cameron en lice pour succéder au Premier ministre démissionnaire après la victoire du Brexit : le chancelier Michael Gove, la ministre de l’intérieur Theresa May et celle de l’Energie Andrea Leadsom. Ces dernières devraient vraisemblablement être les deux finalistes choisies ce jeudi 7 juillet par le Parti conservateur. Après le retrait de Boris Johnson et des autres prétendants masculins, accusés d’avoir fracturé le parti Tory lors de la campagne sur le Brexit qu’ils ont monopolisée, ce sont donc deux femmes qui frappent aujourd’hui à la porte du 10 Downing Street.
Et après tout, qui mieux qu’une femme pour faire le ménage après le chaos laissé par les hommes ? Une idée dans l’air outre-Manche, que reprend l’éditorialiste Mara Delius, du quotidien allemand Die Welt, en affirmant que si « des hommes ont créé le chaos, c’est à des femmes de le nettoyer. » Une vue partagée par l’ancienne Première ministre islandaise, Jóhanna Sigurðardóttir. La première femme à avoir dirigé l’île nordique explique dans Newsweek, au lendemain des résultats du référendum britannique, que si les citoyens appelaient « les femmes pour faire le ménage une fois que les hommes ont semé le désordre, je crois que le monde serait bien meilleur. »
Au Royaume-Uni, les commentaires sur la prééminence de femmes pour la succession de David Cameron suscitent des réactions bien moins enthousiastes… mais tout aussi sexistes. « May et Leadsom ont beau être toutes deux des femmes, elles ont des vues très différentes », a-t-on ainsi pu entendre sur la BBC. Une analyse profonde qui a provoqué un tollé dans le pays. Illustrant bien, relève effarée la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, le caractère misogyne de cette campagne interne au Parti conservateur : « Les attitudes à l’égard des femmes en politiques ont beau avoir largement progressé, cela montre qu’il reste encore bien du chemin… »
« Hé, il y a des votes par ici ! »Cantonner une femme politique à son genre n’a rien d’inédit pour Theresa May, la grande favorite pour le poste de Premier ministre. Elle qui ne cesse d’être comparée à Margaret Thatcher pour son tempérament inflexible et son parcours – elles sont aussi les seules femmes à avoir exercé au ministère de l’Intérieur britannique – ironise sur la misogynie en politique : « Beaucoup d’hommes politiques s’intéressent soudainement à la question des femmes politiques quand ils comprennent : hé, il y a des votes par ici ! »
De notre côté de la Manche, certaines femmes politiques n’ont pas la même aversion pour les clichés mysogines en politique. Ainsi Valérie Pécresse, qui lors de sa campagne pour la présidence de l’Ile-de-France avait déclaré qu’il n’y a « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage », a remis le couvert ce mercredi en se fendant d’un tweet dans lequel elle soutient – à tort – que Theresa May aurait repris son propos. « Wink wink ».
Tiens tiens…je ne suis pas seule à vouloir « faire le ménage » ! https://t.co/qWPgR9il24
— Valérie Pécresse (@vpecresse) 6 juillet 2016
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