Invité sur LCI ce mercredi 6 juillet, Georges Fenech, le président de la Commission d’enquête sur les attentats de 2015, a affirmé que les renseignements français disposaient des moyens de prévenir l’attentat du 13 novembre, dans la salle de concert parisienne.
« On sait bien que le risque zéro n’existe nulle part (…) Mais est-ce qu’on aurait pu éviter le Bataclan ? Très franchement, je pense que oui.« Georges Fenech, le président Les Républicains (LR) de la commission d’enquête sur les attentats de 2015 a lâché le morceau lors d’une interview ce mercredi 6 juillet sur LCI. Au lendemain de la présentation du rapport sur « les moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 », qui concluait à « un échec global du renseignement français », le député du Rhône enfonce le clou :
« Les trois assaillants du Bataclan étaient tous connus et fichés pour leur radicalisation, voire pour certains déjà condamnés ou placés sous contrôle judiciaire (…) Pourtant, ils ont tous circulé avec une facilité déconcertante. »
Par ces propos, Georges Fenech semble contredire le rapporteur de la commission, Sébastien Piétrasanta (PS), qui avait affirmé ce lundi que « l’attaque du Bataclan aurait difficilement pu être évitée » : « Contrecarrer les attaques aurait supposé que les magistrats instructeurs et les agents des services de renseignement aient gardé, personnellement, en mémoire toutes les cibles mentionnées par les terroristes lors de leurs auditions ».
« Si nous avions des services de renseignement qui n’avaient pas failli, nous n’aurions pas eu le Bataclan. »Mais pour Georges Fenech, les propos de son collègue ont été mal interprétés. A l’antenne d’Europe 1 mardi, il s’est dit « très en colère » :
« Il semblerait qu’on nous fasse dire qu’on ne pouvait pas éviter le drame du Bataclan. On n’a jamais dit ça. »
En fait, la confusion provient du fait que les deux hommes ne parlent pas vraiment de la même chose. D’un côté, la déclaration de Sébastien Piétrasanta fait référence aux menaces proférées avant le 13 novembre contre la salle de concert. Comme l’explique la commission dans son rapport, un premier projet d’attaque d’une salle de spectacle avait été révélé par une Française arrêtée en Egypte après les attentats du Caire en 2009. Mis en cause par cette dernière, Farouk Ben Abbes, un Belge déjà arrêté car soupçonné d’appartenir à une filière d’envoi de combattants en Irak, aurait par la suite avoué son projet d’attentat au Bataclan. Interrogé et placé en détention lors de son arrivée en France, l’homme finit par bénéficier d’un non-lieu, faute de preuves. « Dès lors qu’un juge d’instruction a conclu après enquête que la menace n’était pas avérée, il est difficile d’engager une protection qui aurait dû s’étendre sur plusieurs années », relève Sébastien Piétrasanta.
En 2015, un jeune Français de retour de Syrie alimente à son tour la menace en déclarant projeter une attaque contre « une salle de rock » lors de son audition par l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic. Mais comme l’a souligné ce dernier, il y a de nombreux festivals et concerts de rock dans la capitale. Déjouer les attaques aurait donc nécessité que chaque agent des services de renseignement se souvienne de chaque menace proférée lors d’une audition.
Georges Fenech, lui, se focalise sur les dysfonctionnements du renseignement français, comme il l’a martelé sur Europe 1 :
« Nous pensons au contraire que si nous avions des services de renseignement qui n’ont pas failli, nous n’aurions pas eu le Bataclan. »
Un constat alarmant, en conclusion duquel le député appelle à la création d’une agence nationale de lutte contre le terrorisme rattachée à l’exécutif, « clé de voûte » manquant selon lui au renseignement français, ainsi qu’à la mise en place d’une base commune du renseignement. Et de conclure : « Avoir remis un rapport c’est une chose, il faudra maintenant en assurer le suivi, que les préconisations prennent forme pour mettre toutes les chances de notre côté pour éviter un nouveau Bataclan. »
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