L’ancien député européen est très remonté contre le choix des Britanniques de quitter l’Union européenne. Au point de contester le résultat du référendum sur le Brexit, ce mardi 5 juillet sur France Inter, et d’aligner deux contre-vérités en l’espace de quelques minutes…
Au tour de Daniel Cohn-Bendit de rejoindre la longue file de ceux qui ont décidément du mal à digérer le résultat du référendum sur le Brexit. Le 23 juin, les Britanniques se sont prononcés à 51,9% pour sortir de l’Union européenne lors d’un scrutin à la participation importante (plus de 72%). Mais l’ex-eurodéputé écologiste n’a pas l’air de penser que ce soit forcément une raison valable pour respecter leur choix. Invité de France Inter ce mardi 5 juillet, il estime en effet – avec un certain énervement – que le peuple n’a pas « toujours raison », loin de là :
« Ceux qui ont fait cette réconciliation franco-allemande avaient raison contre les peuples. Il y a des moments où il faut prendre ses responsabilités. Si le peuple veut la peine de mort, je suis contre le peuple, parce que la peine de mort, c’est indigne de l’humanité. Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. Quand un peuple vote pour l’extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n’a pas raison, même si c’est le peuple !«
Mais Daniel Cohn-Bendit n’a pas toujours raison non plus. La preuve : voulant à tout prix convaincre que la sortie de l’UE est une grosse bêtise, il aligne deux contre-vérités lors de son interview. D’abord, à l’en croire, un nombre non négligeable de Britanniques ayant voté pour quitter l’Union s’en mordent aujourd’hui les doigts. « Maintenant, 10 à 20% des ‘Brexitiens’, ils le regrettent ! » assure-t-il. L’ancien eurodéputé ne précise pas sa source. Mais un sondage publié par le Daily Mail trois jours après le référendum donne une proportion beaucoup moins importante. Selon cette enquête, 7% des électeurs ayant voté pour quitter l’UE le regrettent. Et dans le camp d’en face, 4% de ceux qui ont voté pour rester regrettent eux aussi leur choix – un chiffre que ne mentionne pas Daniel Cohn-Bendit.
Autre affirmation un peu rapide du chroniqueur : « Il y a un retournement total après le Brexit de l’opinion publique sur la sortie de l’Europe. C’est une vérité ! Il y a +7 pour l’Europe en France ! Si vous faites aujourd’hui un référendum, personne n’en veut en France, personne n’en veut ! » Là encore, Daniel Cohn-Bendit ne précise pas à quel sondage il fait allusion, mais une enquête TNS Sofres publiée le 28 juin par Le Figaro, RTL et LCI lui donne tort. Elle montre que 33% des Français voteraient pour quitter l’Union si un référendum similaire avait lieu chez nous, alors que 45% voteraient pour rester. Une majorité de Français est certes opposée à une sortie de l’UE. De là à dire que « personne n’en veut », il y a un grand pas que l’ancien soixante-huitard, sans doute emporté par sa saute d’humeur matinale, n’hésite pas à franchir.
VIDÉO – @danycohnbendit : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison » #le79Inter pic.twitter.com/6A2wKYHB71
— France Inter (@franceinter) July 5, 2016
Le Front national, qui réclame depuis très longtemps l’instauration du mode de scrutin proportionnel aux élections législatives, trouve un allié inattendu en la personne de Daniel Cohn-Bendit. A la fin de son interview sur France Inter ce mardi, l’ancien eurodéputé s’est insurgé de la faible représentation du parti d’extrême droite à l’Assemblée nationale, avec seulement deux députés. « C’est vrai qu’il y a des problèmes démocratiques en France. En France, vous avez une démocratie où – et c’est pas ma tasse de thé – un parti comme le Front national fait 30%, il n’est pas représenté à l’Assemblée », a déclaré Daniel Cohn-Bendit. Pour lui, « c’est un déni de démocratie. Ça, il faut le dire aussi. Donc les démocraties ne sont jamais parfaites, on peut les améliorer. »
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments