En abrogeant une « circulaire » rappelant aux gynécos les sanctions qu’ils encourent s’ils aident les couples de lesbiennes à recourir à une PMA à l’étranger, le gouvernement se donne l’air de faire un premier pas vers la PMA pour toutes. Alors qu’il ne s’agit que d’un demi-tour, sur une consigne qu’il avait lui-même édictée en 2013 !
« Il n’y a aucune raison de discriminer les couples homosexuels, les couples lesbiens (…) en leur refusant l’accès à une technologie qui est ouverte aux couples hétérosexuels ». Les mots sont de Laurence Rossignol, qui rapporte ce lundi 4 juillet la philosophie de François Hollande ayant présidé à l’annonce suivante : le gouvernement va abroger la circulaire rappelant les sanctions qu’ils encourent aux gynécologues qui orientent leurs patientes vers l’étranger pour y recourir à une PMA. Une pratique à laquelle sont acculés les couples de lesbiennes, le gouvernement n’ayant pas respecté la promesse socialiste faite en 2012 de leur ouvrir l’accès à la procréation médicalement assistée en France.
François Hollande « a fait cette proposition à la demande des associations », a souligné la ministre sur Public Sénat et Sud Radio. Un beau geste d’ouverture, donc, aux associations LGBT que le président de la République avaient reçues jeudi dernier, avant la Marche des fiertés de ce samedi, auxquelles il a selon le communiqué de l’Elysée « réaffirmé sa détermination à poursuivre le combat pour que la République se montre encore plus protectrice envers les lesbiennes, gays, bi et trans… ». L’abrogation de cette disposition discriminatoire, a donc insisté Laurence Rossignol ce lundi, « c’est une proposition qui est juste par ce qu’il n’y a aucune raison de compliquer la vie » des couples lesbiens. Aucune.
Sauf que la méchante consigne en question a été édictée par… le même gouvernement ! Début 2013, en plein débat sur le mariage pour tous, le ministère de la Santé de Marisol Touraine – toujours en poste aujourd’hui – avait en effet cru bon de rappeler les gynécologues à l’ordre, en menaçant « de cinq ans de prison et 75.000 € d’amende » ceux qui conseilleraient à leurs patientes de se rendre en Espagne ou en Belgique pour fonder la famille que la France leur refuse. Des sanctions prévues par le code pénal. Le fac-similé du document (qui n’était en fait qu’une lettre sans « aucune valeur juridique », nous précise Vincent Granier, journaliste de l’Agence de presse médicale) avait été révélé par Le Parisien le 5 février 2013.
Alors, le gouvernement aurait-il changé d’avis ? Etait-il déterminé, pas plus tard qu’en 2013, à « compliquer la vie » des lesbiennes ? Pas du tout, s’était-il récrié à l’époque pour se justifier devant le tollé suscité chez les associatins LGBT. Alors porte-parole de l’exécutif, Najat Vallaud-Belkacem était montée au créneau pour assurer que les sanctions rappelés concernaient les gynécologues « s’ils orientent leurs patientes à l’étranger pour pratiquer la PMA contre rémunération ». À l’origine de ce rappel à l’ordre : un rapport de la la Direction générale de la santé s’inquiétant du « démarchage de plus en plus offensif des établissements et praticiens français par des cliniques et des organismes étrangers ». En clair, le versement de « pots-de-vin » aux praticiens qui rameuteraient de la clientèle.
Trois ans plus tard, on comprend donc toute l’iniquité de l’annonce faite ce lundi par le gouvernement, qui sur la PMA aura agi selon le cycle suivant :
Promettre la PMA aux couples de lesbiennes
Ne pas respecter cette promesse
Expliquer que la promesse ne sera pas respectée à cause des anti-mariage pour tous…
…ou plutôt si, promettre qu’elle sera respectée mais après 2017
Edicter une circulaire menaçant les gynécos qui aident les lesbiennes pour une PMA à l’étranger
Abroger sa propre circulaire en la pointant comme discriminatoire
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments