Etre ouvertement social-démocrate et réformiste en France, c’est avoir le courage de se faire traiter d’homme de droite par la gauche bien pensante et de se faire insulter.
En rendant hommage à Michel Rocard, le Président de la République a déclaré « Il nous inspire encore ».
C’est vrai que la politique menée par François Hollande puise son inspiration chez Michel Rocard. Comme lui, il s’est explicitement revendiqué social-démocrate (lors de sa conférence de presse du 14 janvier 2014), ce que n’avait jamais fait aucun autre dirigeant de la gauche avant lui. Or se réclamer de la social-démocratie en France c’est avoir le courage de rompre avec la tradition idéologique de la gauche française, faite de jacobinisme et de marxisme, comme le rappelait il y a peu Michel Rocard dans une interview à L’Express.
Il est vrai qu’historiquement François Hollande n’a pas appartenu au courant rocardien du PS. Mais il appartenait au courant de Jacques Delors, qui se partageait les mêmes idées que Michel Rocard.
Etre ouvertement social-démocrate et réformiste en France, c’est avoir le courage de se faire traiter d’homme de droite par la gauche bien pensante et de se faire insulter. A la fin des années 1980 Michel Rocard était surnommé Rocard d’Estaing par les mitterrandistes. Laurent Fabius le rappelait à l’ordre, par une formule aussi célèbre que creuse, en lui disant qu’entre le plan et le marché il y avait le socialisme. Dans les années 1980 François Mitterrand disait de lui « quelle inculture ! » De même François Hollande a dû subir les critiques acerbes de Laurent Fabius lors de la campagne du référendum sur le traité constitutionnel européen et se fait aujourd’hui traiter d’homme de droite et de libéral par les frondeurs du PS et la gauche radicale.
Il faut être courageux pour maintenir le cap face à ces affronts. Il faut être courageux pour privilégier l’avenir sur le présent. Aujourd’hui tout le monde à gauche encense Michel Rocard, y compris Jean-Luc Mélenchon. Gageons qu’il en sera de même dans quelques années pour François Hollande.
Comme Pierre Mendès-France et Michel Rocard, François Hollande incarne la gauche réformiste, qui a toujours été minoritaire idéologiquement en France. Elle combine les valeurs de gauche (l’égalité, la justice sociale), le réalisme économique (la reconnaissance du rôle de l’entreprise dans la création de richesses), les réformes sociales (le RMI et la CSG pour Michel Rocard ; le compte personnel d’activité, la mutuelle santé pour tous et la prime d’activité pour François Hollande) et le courage politique (tenir face aux anathèmes de la gauche radicale et privilégier l’avenir du pays sur son intérêt politique à court terme).
Et puis, si je peux me permettre, il y a aussi au plus profond d’eux-mêmes des points communs entre Michel Rocard et François Hollande : ce ne sont pas des tueurs, ce qui est un gros handicap en politique, et ce sont des optimistes qui ont foi en la France.
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