Référendum sur Notre-Dame-des-Landes : et si le gouvernement avait choisi une autre échelle ?

Le « oui » l’a emporté ce dimanche 26 juin à l’épineuse question du transfert de l’aéroport de Nantes vers Notre-Dame-des-Landes. Une victoire sans conteste pour la position du gouvernement, les habitants de la Loire-Atlantique ayant répondu par l’affirmative à 55%. Mais les sondages montrent qu’il en aurait été bien autrement si le référendum n’avait pas été mené à l’échelon départemental, justement choisi… par le gouvernement !

La polémique n’en a pas fini autour du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce dimanche 26 juin, les électeurs de la Loire-Atlantique se sont déplacés aux urnes pour décider du transfert ou non de l’aéroport de « NDDL ». Avec une participation de 51%, ils ont tranché à 55% en faveur du projet controversé du gouvernement.

Ce scrutin était le fruit d’une décision de François Hollande, prise en février dernier. Un référendum local pour clore ce conflit datant de plus de cinquante ans. Le 24 avril, un décret est publié au Journal officiel. Il prévoit que la consultation doit se tenir le 26 juin et que seuls les habitants du département de la Loire-Atlantique sont appelés à voter. Un choix du gouvernement, alors que d’autres délimitations auraient pu être tout aussi légitimes. Mais cet échelon pour le référendum local consultatif est validé par le Conseil d’Etat le 20 juin dernier.

Pourquoi choisir l’échelon départemental ? Jean-Paul Naud, maire (sans étiquette) de Notre-Dame-des-Landes, émettait en mars aurès de l’AFP cette hypothèse : « On a choisi ce périmètre pour que le oui l’emporte, c’est le seul critère. Le périmètre idéal aurait dû englober les Pays-de-la-Loire et la Bretagne, parce que ce transfert ne concerne pas que Nantes mais l’ensemble du Grand Ouest« . Cette semaine Pascal Cormand, secrétaire général d’Europe-Ecologie-Les Verts, abonde auprès du Monde : « Tout a été fait pour que le oui gagne : une consultation sur le seul département de Loire-Atlantique (alors que) l’intérêt collectif dépasse les frontières de la Loire-Atlantique ». Cette thèse est-elle valable ? Depuis novembre dernier, des sondages pour connaître l’avis des Français sur le sujet ont été effectués à différentes échelles : Marianne s’est plongé dans les chiffres…

 

Niveau ultra-local : « Non »

Sans surprise, le « non » aurait été total si la consultation n’avait concerné que les 10 villes se situant à portée de nuisance directe des avions de passage à Notre-Dame-des-Landes (les nuisances sonores touchent particulièrement les villes dans un rayon de vingt kilomètres) : lors du scrutin dimanche, le « non » y est à chaque fois apparu majoritaire à plus de 60%.

Niveau national : « Non »

Au niveau national également, le « non » l’aurait emporté. Dans la dernière enquête effectuée en juin par Opinion Way, 60% des Français se montraient ainsi opposés au transfert de l’aéroport.

Niveau du « Grand Ouest » : « Non »

Mais sachant que le projet porte sur un aéroport du « Grand Ouest », l’Ifop s’est aussi intéressé à l’ensemble des régions concernées – Pays-de-la-Loire, Bretagne et Poitou-Charentes -, montrant que là encore, le « non » l’aurait sans doute emporté. Ainsi, dans un sondage du 6 avril, 50% des habitants de Bretagne se disaient opposés au projet de Notre-Dame-des-Landes. Et le Poitou-Charentes – qui fait partie désormais de la région Nouvelle Aquitaine – y était aussi défavorable à 57%.

Niveau régional : « Oui »

En revanche, si le scrutin s’était tenu au seul niveau de la région Pays-de-la-Loire, l’Ifop prédisait en avril un « oui » majoritaire (45%), avec un écart toutefois bien moins net par rapport au « non » (42%) que ceux menés au niveau départemental retenu.

Niveau départemental : « Oui »

Ainsi c’est bien le département de Loire-Atlantique, où l’Ifop prédisait de 57% à 58% pour le « oui », qui s’est toujours montré le territoire le plus favorable au projet du gouvernement. Et donc bien sûr, le plus propice à une réponse positive à son « référendum consultatif ».

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