Tarif du Pass Navigo : elle présidente, Pécresse s'assoit sur ses promesses

Candidate, elle promettait aux Franciliens qui auront « choisi Valérie » que le Pass Navigo à 70 euros n’augmenterait pas. A la tête de l’Ile-de-France depuis 6 mois, la présidente Pécresse l’augmente déjà de 3 euros dès le 1er août, après avoir menacé d’aller encore plus loin en rejetant la faute sur Manuel Valls. Sauf que les archives de la campagne révèlent une certaine mauvaise foi…

Des « moyens supplémentaires » pour assurer « un financement pérenne du système de transports franciliens ». L’Etat et la région Ile-de-France, dirigée depuis le début de l’année par Valérie Pécresse, ont signé ce lundi 27 juin un protocole en ce sens, qui concrètement engage… une hausse à venir du tarif du Pass Navigo. Si la présidente avait menacé d’une augmentation « de 10 à 15 euros », le Pass sera finalement porté à 73 euros à partir du 1er août, a précisé la Région.

Une séquence qui n’a pas manqué d’étonner ceux qui ont « choisi Valérie » aux élections régionales et qui ont un peu de mémoire… Rassurons-les tout de suite : ils n’ont pas eu la berlue. Dans son programme de décembre dernier, sous le titre « des tarifs plus justes » page 14, la candidate de Les Républicains (LR) promettait bien que « le Pass unique à 70 euros sera maintenu sans hausse d’impôts ». Page 17, elle promet d’ailleurs que pour financer la baisse des impôts, elle ira « chercher l’argent partout ailleurs que dans votre poche ».

Six mois plus tard, la voilà pourtant qui envisage, dans une interview au Parisien le 19 juin, une augmentation « de 10 à 15 euros ». Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Valérie Pécresse à revenir sur une promesse aussi nette et symbolique ? Pour justifier la nécessité de trouver de nouveaux financements au Pass, la présidente de région argumente en deux points :

  • « On a une impasse annuelle de 300 millions d’euros. Le Pass Navigo à 70 euros par mois a été improvisé par la gauche juste avant les élections régionales et n’est pas financé.

  • Le Premier ministre, Manuel Valls, l’a reconnu, ajoutant qu’il allait transférer des ressources fiscales pour nous aider. Le problème, c’est qu’on ne voit rien venir, alors que le budget 2017 est en cours de préparation… »

« Je ne jouerai pas avec le pouvoir d’achat des Franciliens »

Est-ce à dire que Valérie Pécresse n’aurait découvert cette situation qu’après les élections ? Eh bien, pas du tout. En décembre 2015 déjà, la candidate LR se montrait non seulement consciente de la situation financière du Stif – Syndicat des transports d’Ile-de-France, qu’elle préside aujourd’hui – ainsi que de la difficulté à la résoudre, mais tenait bon sur sa promesse, envisageant une tout autre solution de financement. Voici en effet, mot pour mot, ce qu’elle avait alors déclaré dans un débat face à Pierre Laurent, du Front de gauche, et que l’on peut entendre dans une vidéo exhumée par le Huffington Post :

  • « Moi je maintiendrai le pass Navigo à 70 euros, parce que je ne jouerai pas avec le pouvoir d’achat des Franciliens, j’assumerai tout, votre bilan, le bon et le mauvais.

  • Mais je vais vous dire une chose, ça va être très compliqué, et moi j’irai voir monsieur Valls et je lui dira, si vous n’êtes pas déterminé à lutter contre la fraude et à trouver dans la lutte contre la fraude une partie de financement, il n’est pas question que la région paye. »

Tout au long de la campagne, Valérie Pécresse savait donc que le tarif unique à 70 euros n’était pas financé mais promettait de résorber le déficit par la lutte contre la fraude. Ainsi son programme promettait-il une « tolérance zéro contre la fraude » qui « coûte chaque année 200 millions d’euros ». Nulle part n’est jamais mentionnée l’idée d’une « taxe Valls » de 10 à 15 euros sur le Pass Navigo…

Ce lundi, la majorité argue que la hausse de 3 euros prévue pour cet été n’est qu' »une augmentation normale du titre transport, comme elle avait lieu tous les ans » et qu’elle ne servira pas à combler le déficit du passe Navigo. Ce dernier, précise-t-on, sera financé par la hausse de deux taxes sur les carburants et entreprises, annoncée par Matignon. Reste malgré tout une hausse pour les usagers, et surtout un bras-de-fer gagné par Valérie Pécresse en s’asseyant sur sa promesse…


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