Patrick Balkany investi aux législatives ? Pour le défendre, Sarkozy en fait des tonnes

Interrogé sur France 2 ce dimanche 26 juin au sujet de la pertinence de l’investiture de Patrick Balkany aux prochaines élections législatives par son parti, Nicolas Sarkozy a livré un grand numéro de prestidigitation. Ou comment justifier l’injustifiable en faisant disparaître le fond.

Nicolas Sarkoy était l’invité du 13h de France 2 ce dimanche. Interrogé par Laurent Delahousse sur l’investiture aux prochaines élections législatives par son parti Les Républicains de Patrick Balkany, poursuivi dans une kyrielle d’affaires et mis en examen pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, corruption passive et déclaration mensongère, Nicolas Sarkozy est monté sur ses grands chevaux. Et comme rien n’est trop beau pour prendre la défense de son ami de Levallois, le président de Les Républicains en a fait des tonnes.

« Sur le cas Balkany par exemple, il y aura encore des discussions ? », interroge Laurent Delahousse. « Ne faites pas de cas particulier, c’est désagréable », commence un Nicolas Sarkozy passablement énervé par la question. Et l’ancien Président d’utiliser une ligne de défense victimaire qu’il maîtrise sur le bout des doigts :

« Vous savez, j’ai bien connu ça, l’habitude de notre société d’en prendre un, de le frapper, et puis après quand il a non-lieu d’oublier, j’ai vu ça moi aussi. Quand j’ai été mis en examen dans l’affaire Bettencourt, ça a fait des titres dans la presse du monde entier, et puis quand j’ai eu le non-lieu, c’est curieux, ça a duré deux secondes ».

Surprenante analyse, quand on sait qu’une simple recherche des termes « Sarkozy Bettencourt non lieu » sur Google génère 116 000 résultats, avec des articles fournis de tous les grands titres de la presse française sur la question, Marianne inclus. Mais Nicolas Sarkozy espère peut-être une meilleure couverture médiatique des neufs affaires dans lesquelles il est toujours impliqué.

La présomption d’innocence poussée dans ses retranchements
En attendant, le plaidoyer pro-Balkany n’est pas terminé, avec la présomption d’innocence comme argument imparable :

« Je me suis promis quelque chose, monsieur Delahousse : jamais plus je ne serai du côté de ceux qui hurlent. J’attends. Tranquillement. Si ils sont coupables, ils en assumeront les conséquences. Tant qu’ils sont mis en examen, ils sont présumés innocents ».

Un luxe de précautions que ne souhaitent visiblement pas prendre ses futurs opposants à la primaire. Bruno Le Maire a ainsi déjà pu affirmer qu’en cas de victoire, il remettrait l’investiture de Patrick Balkany en cause. Sans le nommer, François Fillon en a fait de même. Notons également que Patrick Balkany a déjà été condamné par la justice, notamment en 1996 pour prise illégale d’intérêts après avoir affecté trois agents municipaux de la ville de Levallois-Perret à son usage personnel. Mais c’est si loin, tout ça…

Humanité, injustice… et Balkany
« Et si vous et moi, on respectait l’État de droit ? Ce serait tellement mieux », préfère poursuivre Nicolas Sarkozy sur un ton de professeur. Évoquer l’État de droit pour évoquer le cas de Patrick Balkany, ce n’est plus un brillant plaidoyer, c’est de l’art. Mais, alors que l’on pensait avoir eu droit à l’épilogue, le président des Les Républicains reprend de plus belle pour une leçon d’humanisme, en souvenir du bon vieux temps avec le grand copain des Hauts-de-Seine : « Il y a une forme d’humanité que l’on doit mettre dans la vie politique, et dans la vie médiatique. Vous le savez vous-même, lâche Sarkozy à l’intention de Laurent Delahousse, vous faites partie de la vie médiatique ».

La voix encore plus faussement grave qu’à l’accoutumée, Nicolas Sarkozy enchaîne, tout en modestie : « Il y a des moments où il y a tellement d’injustice, tellement de rapidité, tellement de choses approximatives. J‘essaie de ne pas me comporter comme ça, ne m’en veuillez pas. » Et comme l’ancien président de la République s’est mué en vieux sage, il ajoute : « Peut-être plus jeune, j’avais ce défaut. Au moins que l’âge…, feint d’hésiter l’ex-avocat. On essaye de s’améliorer ». Investir un multi mis en examen à l’heure ou les citoyens exigent l’exemplarité de leurs représentants, pas de doute, Nicolas Sarkozy vieillit bien.

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