Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : un référendum et ça repart ?

C’est ce dimanche 26 juin que les 967 500 électeurs de Loire-Atlantique sont invités à se prononcer pour ou contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Le résultat de cette consultation sera suivi et respecté par le gouvernement, promet Manuel Valls. Pour les partisans des deux camps, c’est une autre histoire.

D’accord, l’affaire n’a pas tout à fait la même échos international que le Brexit, mais tout de même : c’est aujourd’hui dimanche que le petit million d’électeurs de Loire-Atlantique votent sur le bien-fondé de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) dans le cadre de la consultation citoyenne organisée par le gouvernement. Plus précisément, les votants devront répondre à la question « Souhaitez-vous le transfert de l’aéroport vers Notre-Dame-des-Landes ? ». Une formulation considérée comme « ambiguë » par les opposants au projet mais qui a été validée par le Conseil constitutionnel le 20 juin.

En 50 ans, tout a été dit
Sujet de controverse depuis 50 ans, le projet de nouvel aéroport déchire les « pro » et « anti » à coup d’études d’impact, de pétitions et d’une vision diamétralement opposée de la société. Quand les promoteurs du nouveau projet parlent emploi, développement économique, modernité et… écologie, les opposants à NDDL évoquent a contrario l’impact environnemental désastreux du projet et son inutilité face à l’aéroport existant, extensible, ou au TGV. Un joli mic-mac pour deux camps désormais à court d’arguments qui se départagerons désormais dans les urnes. Mais, à moins d’une écrasante victoire d’un bord sur l’autre, chaque paroisse a déjà promis de contester les résultats d’une initiative qui reste consultative.

Au gouvernement, on préfère regarder ailleurs
Si Manuel Valls a promis de suivre l’avis tombé des urnes -le résultat devrait être connu dès ce dimanche vers 23h-, le gouvernement fait moins de bruit qu’un ULM sur la consultation, pourtant une première du genre. Échaudés par les passions déchainées autour du projet d’aéroport nantais, les ministres ont bien compris qu’ils n’avaient pas grand-chose à gagner à s’impliquer dans un dossier soutenu par François Hollande, le Premier ministre, et, localement, le PS, Les Républicains et le Parti communiste. Tout juste entend-on la voix de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, transfuge d’EELV, qui aurait bien du mal à se dédire. Et la musique discordante de Ségolène Royal pour qui le projet est « surdimensionné ». Les autres membres du gouvernement, dont l’ex-maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, préfèrent rester discrets.

Oui ou non : le jour d’après
Reste à savoir ce qu’il adviendra en cas de victoire du « oui » ou du « non ». Si c’est non, les choses devraient être relativement simples : abandon du projet par l’exécutif qui trouverait une porte de sortie honorable à cet imbroglio en démontrant qu’il écoute le peuple, et évacuation des occupants de la « zone à défendre » qui auraient gagné leur bataille. Pour autant, rien ne dit que les partisans du nouvel aéroport se satisferaient d’un tel épilogue : procédures juridiques et recours devraient fleurir dans les cabinets d’avocats nantais. Quant aux zadistes, cela fait belle lurette que l’aéroport n’est plus la seule cause défendue dans leurs rangs en opposition frontale au gouvernement, loi Travail en tête. Pas sûr que leur départ coule de source, même en cas de victoire du « non ».

Si c’est oui, comme l’estimaient des sondages à prendre avec des pincettes, Manuel Valls a déjà annoncé le début des travaux dès le mois d’octobre. Très optimiste, quand on connaît la détermination des occupant les lieux, les recours contre de nombreux arrêtés préfectoraux que promettent de lancer les associations mobilisées, et les contentieux en cours devant la justice, toujours pas jugés. Parmi ceux-ci, la mise en demeure de la France par la Commission européenne au sujet d’infractions sur la réglementation environnementale promet de longs mois de procédures. En clair, on voit mal comment les pelleteuses pourraient commencer à creuser avant 2017, dans une ambiance électrique peu compatible avec une campagne présidentielle.

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