L’étoile de leur champion commence à pâlir. Qu’importe, les 10 000 volontaires qui quadrillent la France au service du ministre de l’Economie continuent de voir en lui leur sauveur. « Marianne » a suivi quelques-uns de ces « macroniens ». Extraits de notre reportage en kiosques cette semaine.
Le porte-à-porte ? Une idée vieille comme la politique réinventée à la sauce des communicants d’Emmanuel Macron. Voici donc «la grande marche» des légions du locataire de Bercy, soit 10 000 volontaires lancés partout dans le pays pour recueillir l’avis des Français et, surtout, servir les ambitions présidentielles de leur champion.
Ce samedi après-midi, une trentaine de supporteurs du jeune ministre de l’Economie se hasardent jusqu’à… la station RER Nanterre-Préfecture. Beaucoup de jeunes, bien propres sur eux, tous moulés dans leur tee-shirt «En marche !» et le sourire aux lèvres. A l’américaine. Certains sont encore au lycée, d’autres, étudiants, d’autres encore viennent d’obtenir leur premier job. L’ambiance est bon enfant. Munis de leur iPhone, où ils ont téléchargé le logiciel qui organise le porte-à-porte, ils se dirigent d’un pas décidé vers la cité Pablo-Picasso. (…)
D’une manière quasi militaire, ces apôtres investissent chacune des cages d’escalier pour diffuser la bonne parole macronienne avec la foi des nouveaux convertis. Quand enfin une porte s’ouvre, l’échange dure une dizaine de minutes. Il débute par des questions fort peu clivantes : «Si vous aviez une chose à demander à la politique, qu’est-ce que se serait ?» «Selon vous, qu’est-ce qui marche en France ?» «Qu’est-ce qui ne marche pas ?» A mi-chemin entre les interpellations doucereuses des témoins de Jéhovah et les questionnaires neutres des sondages commerciaux… Ce n’est toutefois ni un gourou, ni une lessive, mais un ministre que les VRP du macronisme viennent vendre. Résultat, les réponses sont parfois lapidaires. «J’attends rien de la politique, rien», répond Lubert, un grand garçon de 16 ans qui passe son temps à faire du sport pour «ne pas finir comme les autres». Mais la plupart des habitants de la cité Pablo-Picasso observent d’une manière amusée cette «intrusion» dans leur quotidien, pas mécontents qu’on s’intéresse à eux, pour une fois. «Un mec de banlieue, il n’y a pas plus macronien ! s’enthousiasme Mehdi, 22 ans, qui a grandi à Montreuil. Pour réussir, il doit cravacher plus que les autres. Au lycée, on nous faisait comprendre que les bonnes écoles, ce n’était pas pour nous. Nous, on doit bosser plus que les autres pour pouvoir s’émanciper, on n’est pas des fils à papa-maman. Et, justement, Macron combat les déterminismes sociaux.»
« Les MJS, on les voit où, dans le 93 ? »
Mère d’origine algérienne, père breton, Mehdi coordonne le porte-à-porte sur l’ensemble de la Seine-Saint-Denis, en plus de ses études de droit à la Sorbonne, et de son service chaque soir dans une pizzéria de 20 heures à 23 heures. Il a un tempérament de battant et pare son champion des mêmes vertus : «Chez Macron, il n’y a pas de couleurs ! T’es quelqu’un de bon, t’es quelqu’un de bon. Lui, il met les mains dans les banlieues. Il parle de mobilité plutôt que de sécurité. Il veut donner, redonner espoir aux jeunes !»
Mehdi récuse les «propositions d’un autre temps» héritées du «marxisme-léninisme de [s]on père» et déverse son amertume sur l’ensemble de la gauche : «Les MJS [Mouvement des jeunes socialistes], on les voit où, dans le 93 ?» En Seine-Saint-Denis, une centaine de jeunes, «de l’avocat au chômeur en fin de droits», ont rallié les légions du macronisme, «alors qu’à l’Unef ou l’UNI, ce sont toujours les mêmes», soupire Mehdi.
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>>> Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Marianne en kiosques vendredi 24 juin.
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