Alors que la commission d’investiture de LR examine en ce moment les futurs candidats aux élections législatives de 2017, le camp Juppé se plaint que certains de ses poulains aient été sèchement recalés. Et sous-entend que Nicolas Sarkozy abuse de sa position de chef du parti…
Depuis le 6 juin, il règne une intense activité au siège parisien de Les Républicains (LR). La commission nationale d’investiture (CNI) tourne à plein régime pour désigner les candidats du parti aux élections législatives de juin 2017. Sauf que dans le contexte de rivalité entre prétendants à la primaire de novembre, l’exercice ne va pas sans tensions. D’autant que si la commission a commencé ses travaux en examinant les cas les plus consensuels, elle s’est attaquée depuis quelques jours aux situations qui fâchent. « Ça risque de se tendre un peu », redoutait mardi un député LR, alors que les réunions doivent encore s’enchaîner jusqu’au 29 juin.
En toile de fond, c’est évidemment la guéguerre Sarkozy-Juppé qui fait monter la température. Pourtant, le patron de LR et son concurrent étaient parvenus à un accord sur le calendrier des investitures lors d’un bureau politique le 29 mars. « On devait donner l’investiture quand il y a consensus et la geler dans le cas contraire », résume à Marianne Benoist Apparu, porte-parole d’Alain Juppé. Or, « cette idée générale n’est pas respectée », déplore-t-il.
Deux cas ont déjà passablement agacé les juppéistes. A Lyon, l’ex-député Michel Havard, qui avait le soutien du maire de Bordeaux, a été écarté au profit d’Anne Lorne, membre de Sens commun, l’émanation de la Manif pour tous chez LR. A Strasbourg aussi, une juppéiste, Mathilde Flauss, a été désavouée : la CNI lui a préféré Elsa Schalck, vice-présidente du conseil régional et proche du président de région Philippe Richert.
Une troisième désillusion est survenue ce mercredi 22 juin. L’Opinion rapporte qu’à l’issue d’une discussion très tendue, la commission n’a pas entériné la candidature de Maël de Calan, jeune pilier de l’équipe Juppé, dans la 4e circonscription du Finistère. Cet élu départemental, qui a bûché sur le programme économique du candidat, brigue l’investiture face à la maire sarkozyste de Morlaix, Agnès Le Brun. Les membres de la CNI présents mercredi ont préféré reporter leur décision.
Pour l’instant, le maire de Bordeaux n’a pas protesté publiquement contre les choix effectués en CNI, mais il menaçait de le faire si son poulain venait à être écarté. « L’exemple Maël servira de révélateur », prévenait-on la veille dans le camp Juppé, où l’on redoute plus largement un hold-up sarkozyste sur les investitures.
Déjà accusé d’utiliser les moyens du parti qu’il préside pour sa promotion personnelle, l’ancien chef de l’Etat abuserait-il de sa position pour accélérer le tempo et favoriser ses soutiens ? « Les candidats veulent pouvoir être rapidement investis », réplique un proche conseiller de Nicolas Sarkozy. « Beaucoup de candidats préfèrent avoir l’investiture maintenant que plus tard, y compris chez les juppéistes. On ne peut donc pas rejeter 100% de la responsabilité sur Sarkozy », admet de son côté Benoist Apparu. Qui préconise tout de même de geler plus de circonscriptions où il y a débat, au lieu de faire voter la commission d’investiture dès maintenant.
Qu’en pense Bruno Le Maire, lui qui pousse aussi certains de ses soutiens pour les législatives ? Son entourage assure qu’il est pour l’instant « très satisfait » de la manière dont les choses se déroulent. « Dans ce processus, il faut défendre ses troupes, mais sans fracas. C’est ce qu’il fait », avance un proche. Sous-entendant que Juppé ne s’implique pas assez pour imposer ses vues à Sarkozy.
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