Les sept syndicats opposés à la loi Travail estiment qu’ils ne sortiront pas de la crise sociale en ne discutant qu’avec Matignon. Ils en appellent à l’intervention de François Hollande. Ancienne ministre de la Réforme et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, qui ne veut pas d’un nouveau recours au 49-3, réclame elle aussi de vraies discussions.
« Monsieur le Président, recevez-nous ! » Après avoir obtenu du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve le droit de manifester le 23 juin à Paris – certes, en rond autour du Port de l’Arsenal près de la Bastille sur 1,6 km – CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl en appellent désormais au président de la République, dont ils n’ont pas de réponse depuis qu’ils lui ont écrit le 20 janvier.
Car martèlent-elles, non content d’avoir initialement voulu interdire leurs défilés – une première depuis 1962 ! – le Premier ministre Manuel Valls, chaque fois qu’une discussion s’amorce avec Myriam El Khomri, « casse la baraque » dans les médias. Empêchant toute ouverture. « Comme en 2006 lors du rejet du Contrat Premier Embauche, c’est donc au président de la République de permettre au pays de sortir de cette crise sociale », affirme Jean-Claude Mailly, le leader de Force Ouvrière. « Ce conflit dure depuis quatre mois, c’est le plus long que nous ayons connu, c’est assez ! » renchérit Bernadette Groison de la FSU.
A leur côté, leur hôte Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, se félicitait ce midi à Montreuil :
« L’autorisation de manifester les 23 et 28 juin (dont le parcours reste à définir avec la préfecture) que nous accordent les autorités représente une victoire pour les syndicats et la démocratie. »
Martinez et Mailly, qui semblent bien s’entendre dans l’unité d’action, alors qu’une grande méfiance régnait entre les deux centrales, l’ont emporté Place Beauvau en déclarant de concert qu’il était trop tard pour annuler leur manifestation du 23. Qu’ils braveraient le cas échéant l’interdiction et ne feraient pas machine arrière. Et comme en face, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve était également contre une interdiction, il a obtenu gain de cause. Pour assurer leurs arrières, les 7 syndicats et la Ligue des Droits de l’Homme ( LDH) ont aussi demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministre de l’Intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifs.
Sur le fond du projet de loi Travail, la centrale de Montreuil a déjà rendu publiques ses propositions, contrairement à Force Ouvrière qui les a transmises rue de Grenelle, mais refuse d’en dévoiler le contenu. Même si l’on devine qu’elles visent à renforcer le verrou des branches, abordé notamment dans l’article 13 du projet de loi travail.
Dans les rangs socialistes, au-delà des frondeurs, les appels à négocier se multiplient. A l’image de celui de Marylise Lebranchu, ancienne ministre de la Décentralisation, de la réforme d’Etat et de la Fonction publique, qui déclare à Marianne :
« En remodelant la hiérarchie des normes du droit du travail, la réforme travail touche à des principes quasi-constituant. C’est donc un texte crucial. Or à ce jour, compte tenu des organisations qui s’opposent notamment à son article 2, CGT FO CFE-CGC mais aussi l’UPA et la CGPME, nous ne disposons ni de majorité syndicale, ni de majorité politique pour le faire adopter.
Nous avons deux semaines pour construire collectivement une réponse avant le retour de ce texte devant l’Assemblée nationale. Echangeons en direct avec les partenaires sociaux, pas forcément publiquement pour bâtir une sortie par le haut ! Un deuxième recours au 49.3 n’est pas souhaitable : on ne lève pas de tels blocages en s’appuyant sur une majorité par défaut ! »
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