La préfecture de police a annoncé ce mercredi matin que le rassemblement syndical prévu ce jeudi 23 juin contre la loi Travail était interdit pour des raisons de sécurité. Mais quatre heures plus tard, un compromis a pu être trouvé avec la CGT sur une manifestation entre Bastille et le pont de l’Arsenal, soit un parcours d’à peine 1,6 km.
Encore une belle opération de com’ du gouvernement. Après deux jours d’atermoiements, le préfet de police de Paris a annoncé ce mercredi matin l’interdiction de la manifestation contre la loi Travail que voulaient organiser ce jeudi 23 juin à Paris les syndicats opposés au projet. Les « représentants des syndicats refusant catégoriquement la tenue d’un rassemblement statique et formulant ensuite des propositions alternatives d’itinéraires » qui n’ont pu faire l’objet d’un consensus, le préfet de police « considère qu’il n’a pas d’autre choix que d’interdire la tenue de la manifestation », a indiqué la préfecture de police dans un communiqué.
Les sept syndicats contestataires souhaitaient en effet défiler entre la place de la Bastille et la place de la Nation. Mais les autorités insistaient depuis lundi 20 juin pour qu’ils choisissent une manifestation « statique » plutôt qu’un défilé, en invoquant des raisons de sécurité après les violences qui ont émaillé la manifestation nationale du 14 juin dans la capitale.
Quatre heures plus tard, nouveau retournement de situation : après réunion au ministère de l’Intérieur, le patron de la CGT Philippe Martinez annonce aux médias avoir « obtenu le droit » de manifester « sur un parcours proposé par le ministre de l’Intérieur ». Le défilé se déroulera donc entre la place de la Bastille et le bassin de l’Arsenal – aller/retour -, soit une distance d’à peine 1,6 km mètres qu’il est possible de parcourir à pied… en 20 minutes.
L’annonce de l’interdiction avait évidemment consterné les personnalités politiques de gauche opposées à la loi Travail. Pour le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent, il s’agissait d’une « décision autoritaire et irresponsable », tandis que le porte-parole d’EELV Julien Bayou a évoqué sur Twitter un choix « scandaleux ». Le chef de file des frondeurs du PS, Christian Paul, a qualifié lui cette décision de « faute historique de Manuel Valls ».
Mais la décision du gouvernement a aussi offert le champ libre aux critiques de ses opposants à droite. Mardi, Nicolas Sarkozy avait déjà considéré qu’interdire le rassemblement n’était « pas raisonnable » de la part du gouvernement, une position à contre-pied de celle défendue par Les Républicains. Marine Le Pen a critiqué quant à elle, ce mercredi sur Twitter, une « atteinte grave à la démocratie ».
Du côté de la police, Nicolas Comte, secrétaire général-adjoint du syndicat SGP-FO Police, a évoqué sur iTélé les conséquences contre-productives de cette décision : « On interdit une manifestation pour faire se reposer les policiers. Il est évident que ce jour-là, il faudra que les policiers puissent se reposer, autrement ça n’aurait aucun sens, (or) de toute façon, il y aura un maintien de l’ordre donc je ne suis pas persuadé que l’interdiction de la manifestation, en termes de maintien de l’ordre, soit la meilleure décision. » Une façon de rappeler que les manifestations interdites sont beaucoup plus difficiles à sécuriser que les défilés syndicaux autorisés…
Alors qu’il avait évoqué la semaine passée la possibilité d’interdire le rassemblement syndical, le président de la République François Hollande s’était défaussé de toute responsabilité dans cette décision. « L’arbitrage n’a pas été rendu par le président lui-même. Le président de la République n’est pas en charge de l’ordre public et de l’organisation des manifestations« , a fait savoir son entourage à l’AFP. D’apès cette source, la décision aurait été prise par la préfecture de police, en lien avec le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
Interdire la manifestation contre la #LoiTravail : décision autoritaire et irresponsable!
— Pierre Laurent (@plaurent_pcf) 22 juin 2016
Scandaleux. C’est grave. https://t.co/hqBPwGf7l2
— Julien Bayou (@julienbayou) 22 juin 2016
L’interdiction des manifestations contre la #LoiTravail est une démission face aux casseurs et une atteinte grave à la démocratie. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 juin 2016
Interdire la liberté de manifester quand la France a tant besoin de dialogue et de démocratie sociale: la faute historique de @manuelvalls
— Christian Paul (@christianpaul58) 22 juin 2016
« C’est assez paradoxal de prendre la fatigue des policiers pour interdire cette manifestation » (SGP-FO Police) https://t.co/sGysCoCWWE
— iTELE (@itele) 22 juin 2016
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