Sondages : premier recul de Juppé face à Sarkozy

Ce n’est pas l’alerte rouge, mais un petit voyant vient tout de même de s’allumer sur le tableau de bord d’Alain Juppé. Selon un sondage Odoxa-L’Express-France Inter publié ce mardi 21 juin, le maire de Bordeaux dégringole de 15 points en un mois chez les sympathisants de droite ! A 62% d’opinions favorables, il est désormais devancé par son rival non encore officiellement déclaré pour la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy, à 66% (+4). Celui qui était jusqu’ici le chouchou des sondages se consolera sans doute en soulignant qu’il garde la préférence de l’ensemble des Français, avec 35% d’opinions favorables devant Nicolas Sarkozy (23%). Mais là encore, la dynamique n’est pas pour lui, l’ancien président gagnant deux points quand lui en perd trois.

Même tendance dans le baromètre Ipsos-Le Point publié ce lundi. Là aussi, Alain Juppé garde son avance auprès de l’ensemble des Français, à 49% contre 31% pour Nicolas Sarkozy, mais il perd du terrain : -3 points pour lui, +5 points pour son rival. Auprès des seuls proches de LR, Alain Juppé (70%, -3) et Nicolas Sarkozy (68%, +6) sont désormais au coude-à-coude, juste devant François Fillon (65%, +3).

« Juppé, ce n’est que de l’eau tiède »

Pourquoi ce trou d’air ? L’institut Odoxa y voit « incontestablement la preuve que la stratégie de communication d’Alain Juppé depuis ces derniers mois, mixant un style défensif sur le fond (pour préserver son avance dans les sondages) et une volonté de se rendre plus sympathique sur la forme, ne fonctionne pas et même qu’elle est nuisible ». De fait, depuis qu’il a déclaré sa candidature à la primaire en août 2014, Alain Juppé mène une campagne planquée. Pas question pour lui de s’emparer de chaque polémique, ni de multiplier les propositions chocs. Une prudence qui a le don d’agacer chez ses rivaux. « Juppé, ce n’est que de l’eau tiède. Il ne dit rien parce qu’il a peur de fâcher. C’est de la vieille politique, à la Chirac », se lâche-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire. Il y a trois mois, le député européen Brice Hortefeux, fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy, faisait le même type de procès au maire de Bordeaux en petit comité : « Il était au pouvoir il y a 30 ans, vous vous rendez compte ? Juppé, c’est l’école Chirac, l’école de l’immobilisme. »

« On s’y attendait, à baisser un jour »

Dans l’équipe du candidat à la primaire, on ne fait évidemment pas la même analyse, en avançant plutôt des raisons conjoncturelles. « Quand on regarde qui monte – Sarkozy, Le Pen, Copé – et qu’on observe l’actualité de ce dernier mois, entre les attentats, les grèves et les violences autour de l’Euro, on s’aperçoit que ce climat renforce ceux qui ont une image sécuritaire », explique à Marianne le député Benoist Apparu, lieutenant d’Alain Juppé. Mais si le maire de Bordeaux continuait à perdre son avance, c’est tout un pan de sa stratégie qui s’effondrerait : surfer sur sa popularité pour dicter son agenda. Toutefois, pour Benoist Apparu, « il n’y a rien de pire que de changer de stratégie en cours de route. On s’y attendait, à baisser un jour. On ne va pas se droitiser pour répondre à des besoins sondagiers. Ce qui ne veut pas dire qu’on écarte toute adaptation… »

Chez les sarkozystes, on rêve déjà d’un croisement des courbes. « Je vous avais prévenu que le Boss était de retour », s’enflamme ce mardi sur Twitter le sénateur Pierre Charon, à grand renfort d’emojis… Mais le camp Juppé se rassure en observant que la stature de son champion est toujours respectée dans l’opinion. Lundi, Libération publiait en effet un sondage selon lequel 49% des Français estiment qu’Alain Juppé ferait « un bon président ». Le maire de Bordeaux, qui progresse de 4 points en un mois, devance largement François Fillon (32%) et Emmanuel Macron (29%). Quant à Nicolas Sarkozy, il est dans les choux, à 24%. « Le Boss » a encore du pain sur la planche.