Paris : après Airbnb et UberPop, Hidalgo s'attaque à Amazon

Depuis jeudi dernier, le site américain Amazon a lancé à Paris son service de livraison à domicile « dans l’heure ». Une nouveauté qui provoque l’inquiétude de la mairie, qui tient à la diversité du commerce de proximité dans la capitale.

« Ce sera un véritable supermarché accessible en quelques clics« , s’enthousiasme Frédéric Duval, le directeur général d’Amazon France. Son nouveau jouet favori ? « Prime Now », le service de livraison gratuite dans les deux heures suivant la commande sur Internet, réservé à ses clients premium. Développé dans une quarantaine de villes dans le monde (Londres, Rome…) depuis son lancement en 2014 à New York, il a débarqué jeudi dernier à Paris.

Pour un abonnement annuel de 49 euros, « Prime now » proposera à ses meilleurs clients près de 18.000 références de tous types de produits, y compris – c’est nouveau – alimentaires. Car Amazon distribuera en effet 4.000 produits frais, provenant directement de Rungis, ainsi que des surgelés. Et ce, sept jours sur sept, de 8 heures à 22 heures. Le service sera encore plus efficace si l’abonné premium se fend d’un supplément de 5,90 euros : la livraison est alors promise en moins d’une heure.

Loin d’être impressionnée par de telles prouesses, la maire de Paris voit plutôt cette nouveauté d’un mauvais oeil. Car en se lançant sur ce secteur, le géant américain vient directement concurrencer les commerces de proximité. Dans un communiqué, Anne Hidalgo pointe donc le risque de déstabilisation des équilibres commerciaux parisiens, alors même que « la protection de la vitalité et de la diversité du commerce de proximité constitue une priorité municipale pour lutter contre l’uniformisation des villes-mondes« .

Surveiller le risque d’une concurrence déloyale

La mairie de Paris l’a déjà montré en combattant l’application UberPop et les locations illégales d’Airbnb : la mise en péril des services traditionnels par des start-up innovantes libérées de toutes réglementations, très peu pour elle. Aujourd’hui, c’est donc à Amazon qu’elle déclare la guerre, en promettant au groupe une intransigeance totale, sur plusieurs points : « la qualité de vie des riverains au regard de la logistique du centre et du trafic des véhicules de livraison » – Amazon a situé son entrepôt de 4000 m2 dans le 18ème arrondissement de Paris -, « le degré de pollution généré par les véhicules et l’activité du lieu », ainsi que « la politique de ressources humaines menée par Amazon ».

Amazon est donc prévenu : il est dans le collimateur d’Hidalgo. Mais la maire socialiste ne compte pas s’arrêter là : dans le même communiqué, elle dit sa volonté de « porter auprès du législateur la nécessité de définir, par la loi, des garde-fous en mesure d’éviter que de tels services ne viennent à constituer une concurrence déloyale à l’égard des commerçants et des artisans ». Si le service d’Amazon est pour l’heure uniquement en test à Paris et dans sa petite couronne, d’autres villes devraient suivre : la frondeuse pourrait alors lever des troupes…
 

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