Loi Travail : même Robert Hue veut suspendre le débat parlementaire

Depuis plusieurs mois, le torchon brûle entre Robert Hue et son ancien champion de 2012, François Hollande. Après avoir exprimé ses réticences contre la loi Travail, le sénateur du Val d’Oise en appelle maintenant à « suspendre le débat parlementaire ».

Un Robert Hue en voie de radicalisation. L’ancien secrétaire nationale du PCF et soutien actif de François Hollande en 2012 n’en finit plus en effet de prendre ses distances avec le président de la République. Après avoir exprimé son malaise par rapport à la déchéance de nationalité, puis dénoncé la philosophie du projet de refonte du code du travail, le sénateur du Val d’Oise, appelle maintenant le gouvernement à « suspendre » purement et simplement le débat parlementaire sur la loi Travail. « Il y a trois semaines, j’ai interpellé François Hollande que j’ai soutenu, je lui ai proposé non pas de retirer le texte, mais qu’on suspende le débat parlementaire », a-t-il expliqué sur la chaine Public Sénat. Une proposition qui s’impose de plus en plus dans le paysage syndical, de FO à la CFE-CGC (confédération générale des cadres), cataloguée « réformiste ».

Un Robert Hue particulièrement remonté contre l’attitude de Manuel Valls ces dernières semaines :

« Je pense que le Premier ministre doit comprendre que c’est un débat qui n’appelle pas à un ton martial et une démarche visant à aller jusqu’au bout sans discuter (…) Je pense que l’autorité se gagne par l’écoute, le dialogue et qu’il faut suspendre le débat pour le reprendre démocratiquement et légiférer ensuite. »

« Qu’est-ce que ça veut dire, syndicat réformiste ? »

Dans son collimateur, les attaques répétées du chef du gouvernement contre la CGT. Dernière en date, les accusations de « complicité » entre le premier syndicat de travailleurs et les ultras-autonomes qui ont affrontés les forces de l’ordre lors de la manifestation de ce 14 juin. « C’est un amalgame dangereux que de confondre les syndicats qui sont très pacifiquement majoritaires dans les manifestations – que prévoit la liberté syndicale constitutionnelle dans ce pays – et puis ce groupe de casseurs (…) Pourquoi pousser vers la CGT la principale responsabilité de ceux qui cassent ? Ceux qui s’en prennent à l’hôpital Necker, ce sont des casseurs. Je considère que la dramatisation qui est faite n’est pas bonne pour le mouvement social, n’est pas bonne pour la sérénité dans le pays », s’est emporté le sénateur.

Autre critique, l’obstination du gouvernement à distinguer les « syndicats réformistes » des autres : « Qu’est-ce que ça veut dire, syndicat réformiste ? Le Premier ministre n’arrête pas de dire cela, mais tous les syndicats sont pour des réformes. D’ailleurs le syndicat qui a certainement conduit le plus de réformes dans le pays n’est pas la CFDT mais la CGT. » Le message est clair : « Touche pas à ma CGT ! » 

A ce rythme-là, François Hollande va réussir l’exploit de faire revenir Robert Hue au Conseil national du PCF…

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