Sarkozy président-candidat : la clarification de la haute autorité qui ne clarifie rien

En réponse à la saisine de François Fillon et Hervé Mariton, la haute autorité de la primaire à droite « recommande aux candidats à la candidature de distinguer aussi clairement que possible l’action qu’ils mènent dans le cadre du parti de celle qu’ils mènent dans le cadre de cette candidature ». Une clarification aux airs de coup d’épée dans l’eau.

C’est une « décision » qui ne devrait pas faire avancer le schmilblick. La haute autorité indépendante présidée par Anne Levade, chargée de veiller au bon déroulement de la primaire de la droite, a publié un communiqué ce jeudi 16 juin pour « recommander aux candidats à la candidature de distinguer aussi clairement que possible l’action qu’ils mènent dans le cadre du parti de celle qu’ils mènent dans le cadre de cette candidature« . Une recommandation générale mais visant en fait une seule personne : Nicolas Sarkozy.

L’absence de candidature officielle du président de Les Républicains (LR) agace en effet de plus en plus ses futurs adversaires, qui le suspectent d’utiliser les moyens du parti pour déployer sa propre campagne. Des soupçons qui ne devraient pas s’atténuer depuis que l’on sait que le coût de « l’action politique » de Sarkozy en 2016 a explosé dans le budget de LR.

Sarkozy assume

Le 15 juin, François Fillon et Hervé Mariton, deux des douze candidats officiels à la candidature, ont donc saisi la haute autorité pour la primaire afin qu’elle planche sur ce point. Alain Juppé, lui, ne s’est pas joint à cette saisine mais a pointé la semaine dernière sur France Info « un problème moral et éthique », appelant à ne pas reprendre « certaines pratiques du passé où on confondait un peu les choses entre les campagnes électorales et le financement du parti ». 

Face aux critiques, Nicolas Sarkozy argue qu’il n’est pas temps, dans un tel contexte politique, de laisser vacante la tête du « premier parti d’opposition » :

« C’est la pagaille dans la rue et l’opposition devrait ne plus avoir de chef ? Je m’y refuse. Je n’en ai pas le droit. »

Une histoire de comptes de campagne

La réponse plate de la haute autorité ne paraît guère de nature à changer le comportement du chef. Dans son communiqué, l’instance reconnaît d’abord elle-même ses limites, en rappelant qu’elle n’est « pas compétente pour assurer l’application non plus que l’interprétation des statuts du mouvement Les Républicains« . Concernant le possible mélange des genres venant du président du parti, elle écrit « qu’il appartient aux seules instances compétentes en application desdits statuts d’apprécier, le cas échéant, si les règles qu’ils établissent ont été méconnues« . Autrement dit, le parti présidé par Sarkozy doit lui-même régler le problème relevant de Sarkozy !
 
La haute autorité prévient tout de même que les dépenses faites avant les déclarations de candidature seront susceptibles d’être ajoutées a posteriori dans les comptes de campagne du futur candidat à la présidentielle. L’équipe Sarkozy doit donc déjà tenir ses comptes en vue d’une éventuelle victoire. Mais comment distinguer les meetings du Sarkozy-président de parti et ceux du Sarkozy-candidat-pas-encore-déclaré ? La demande de « clarté » de la haute autorité ne le dit pas.
 

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