Les victimes sauvagement assassinées à leur domicile, ce lundi 13 juin par un jeune « soldat » auto-proclamé de Daech, s’appelaient Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider. Le couple menait une vie paisible dans un quartier pavillonnaire des Yvelines avant de croiser le chemin de son tueur…
On connaît désormais leurs noms et leurs visages. Avant de devenir les victimes sauvagement assassinés, ce lundi 13 juin, par Larossi Abballa, jeune « soldat » auto-proclamé de Daech, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, de six ans sa cadette, menaient une vie paisible dans un quartier pavillonnaire sans histoires de Magnanville, dans les Yvelines.
Lui, chef adjoint des unités de police judiciaire au commissariat des Mureaux, était reconnu pour son courage. Décoré à deux reprises, en 2005 lors des émeutes et en 2008, après être intervenu auprès d’une jeune femme agressée en dehors de ses heures de service, Jean-Baptiste Salvaing était aussi engagé sur le terrain qu’auprès de ses collègues.
Délégué du syndicat des cadres de la sécurité intérieure SCSI-CFDT depuis 2015, il était en effet pour Sabrina Rigolet, secrétaire nationale du syndicat, interrogée par L’Obs, non seulement « un très bon enquêteur qui avait d’excellents états de service » mais aussi « un bon manager d’équipe, avec une très bonne mentalité. » Au commissariat des Mureaux, qui compte près de 150 fonctionnaires, ses collègues « pleuraient » d’ailleurs mardi la mort de leurs camarades, « assis » à même le sol « dans les couloirs », a confié un policier à RTL.
« C’est comme dans une famille, tout le monde se retrouve, tout le monde a besoin de se retrouver ensemble », a expliqué à l’AFP une source au ministère de l’Intérieur. Dans cette famille, Jean-Baptiste, originaire de Pézenac, dans l’Hérault, et « surnommé affectueusement Jibé ou Kiki, – clin d’oeil à la peluche du même nom à la bouille ronde et joviale » -, rapporte Le Parisien, était un passionné de sport, en particulier de rugby.
« A la fin des années 80, il était capitaine de l’équipe juniors du Stade Piscénois », se souvient l’ancien directeur du club, Jean-Claude Carayon, dans L’Obs. « Il jouait troisième ligne aile » et avait laissé le souvenir d’un garçon « toujours d’égale humeur », d’une « gentillesse extrême », qui « ne cherchait pas la bagarre ». Des qualificatifs qui le suivront en région parisienne, où Jean-Baptiste Salvaing réalise l’essentiel de sa carrière. A la brigade de sûreté urbaine (BSU) de Mante-la-Jolie d’abord, puis à la brigade anti-criminalité (BAC) départementale.
Le soir du drame, le policier aura une dernière fois fait preuve des qualités que louent son entourage, comme le révèle la note du service de nuit de la police des Yvelines publiée dans Le Figaro. Blessé après les premiers coups de couteau portés par le terroriste qui s’était dissimulé derrière le portail donnant accès à la maison du couple, Jean-Baptiste Salvaing « a tenu à alerter le voisinage du danger qu’il courait, en invitant les riverains à fuir et à prévenir ses collègues ». « Un comportement héroïque, comme en attestent les témoignages déjà recueillis par les enquêteurs », poursuit la note.
Quelques heures plus tard, Jessica Schneider, secrétaire administrative au commissariat voisin de Mantes-la-Jolie, sera découverte la gorge tranchée à l’intérieur de la maison, où s’est retranché Larossi Abballa avant d’être abattu par le Raid. Le couple laisse derrière lui un petit garçon de 3 ans, retrouvé en « état de sidération » mais « indemne. »
Collègue « très appréciée », « d’une grande proximité » selon le délégué Alliance police du département Julien Le Cam, Jessica Schneider était une citoyenne engagée, dans l’école de son enfant et dans la vie de la commune. « Nous étions souvent en relation concernant la vie associative et sportive, notamment avec elle », a confié Michel Lebouc, maire divers gauche de la ville. Elle mettait « du lien entre les gens », résume Le Parisien, à travers le témoignage d’une employée d’un restaurant où Jessica Schneider avait « l’habitude d’organiser les repas de brigade. »
« Son petit bonhomme, elle l’installait sur un tabouret au bout du comptoir, le temps de commander un plat ou deux, d’embrasser la patronne avant de rentrer chez elle ». Lors desdits repas entre collègues, Jessica Schneider « veillait à tout », ajoute l’employée du restaurant : « Du menu au plan de table, en passant par le budget, avec un caractère qui forçait le respect de ses collègues. C’était aussi un vrai boute-en-train, capable de mettre une ambiance de feu et d’inviter une centaine de ses collègues à danser, jusque sur le trottoir, sur l’air de la Salsa du démon… »
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