Manifestations : Cazeneuve rappelle à l'ordre les préfets

Dans une lettre datée du 9 juin, que France Inter a pu se procurer, Bernard Cazeneuve a rappelé les préfets au respect du « cadre légal » dans le maintien de l’ordre lors des manifestations contre la loi Travail.

Bernard Cazeneuve a décidé de taper du poing sur la table. Dans une lettre adressée aux préfets datée du 9 juin, que France Inter a publiée, le ministre de l’Intérieur rappelle fermement à l’ordre ses troupes. En cause, les accusations répétées depuis ces derniers mois, dans le cadre du mouvement contre la loi El Khomri, de « violences policières ». 

Dans sa missive, il recommande dans un premier temps aux préfets de témoigner « personnellement aux forces placées sous votre autorité ou mises à votre disposition la confiance et la reconnaissance qui leur est due pour leur remarquable engagement ». Puis Cazeneuve en vient à son véritable sujet : « Au-delà de ce message de gratitude et d’encouragement, vous soulignerez la nécessité d’un comportement exemplaire, quelles que soient les circonstances, la fatigue, ou parfois l’exaspération ne devant jamais prendre le pas sur les doctrines opérationnelles ni sur la déontologie ». 

« Les interventions de police doivent être mesurées »

A l’heure des smartphones, des go-pros et de la mutliplication des journalistes-citoyens, les moindres faits et gestes des fonctionnaires de police se retrouvent illico sur Internet. Dernier cas en date, lorsque le 26 mai, Romain Dussaux, 28 ans, s’écroule après l’explosion à ses pieds d’une grenade de désencerclement. Atteint à la tête, le jeune homme sera placé dans un coma artificiel. Très rapidement, plusieurs vidéos de la scène, sous différentes prises de vues, se retrouvent sur la Toile. Des images qui questionnent sur le bon respect de la procédure par les forces de l’ordre.

« Chacun peut en effet constater les controverses suscitées par certains comportements discutables, certes isolés mais qui, relayées par une médiatisation virale, obérent l’excellent travail mené par les forces dans des conditions souvent très difficiles de violence et de provocations », écrit le ministre. Et de reconnaître, à mots couverts, des dérives de la part de fonctionnaires de police. « L’usage des prérogatives de la puissance publique s’exerce dans un cadre légal qu’il convient de respecter scrupuleusement », poursuit-il. Et, tel un maître d’école, de faire la liste « des principes et des régles [qui] sont ainsi à respecter en toutes circonstances »

D’abord, écrit Cazeneuve : « Les interventions de police doivent être mesurées et le rétablissement de l’ordre proportionné au trouble causé ». Fait-il référence à ce 26 mai, toujours, à Toulouse lorsqu’une jeune femme qui tente de remettre un vêtement à un ami se fait violemment repousser par un CRS ? Une vidéo qui avait également suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux. 

 

Autre rappel, « la dissimulation volontaire de numéro RIO (matricule, ndlr), en contravention avec la règle, nourrit l’idée que certains redoutent d’être identifiés parce qu’ils agiraient de manière inappropriée. Ces pratiques si elles existent, doivent être formellement proscrites ». Etrange que le premier flic de France ne soit pas tombé sur ces images, filmées par l’agence Taranis News le 31 mai à Rennes, qui ne laissent que peu de doutes sur l’existence de « ces pratiques ». 

Enfin le ministre de l’Intérieur, pour éviter que la France ne descende en dessous de la 45ème place dans le classement mondial de la liberté de la presse, tient à souligner qu’« il est absolument indispensable que la liberté de la presse soit respectée et que son travail sur la voie publique ne soit pas empêché. » 

C’est l’une des nouveautés. Depuis le début du mouvement contre la loi Travail, les journalistes se plaignent régulièrement d’être « pris pour cible » par les fonctionnaires de police. Quinze clubs de la presse ont d’ailleurs récemment publié un texte intitulé : « Manifestations, les journalistes ne sont pas des cibles », dans lequel ils rappellent que « les journalistes ne représentent nullement une menace pour l’ordre public, ils exercent leur mission avec professionnalisme et neutralité. Ils sont les garants de la vitalité démocratique. »

Encore une fois, à l’heure du 2.0, les images ne manquent pas sur ce sujet.

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