Les étudiants de Stanford ont tenu à protester, lors de la cérémonie de remise des diplômes ce dimanche 12 juin, contre le viol d’une étudiante survenu sur le campus en début d’année. L’affaire secoue les Etats-Unis depuis plusieurs semaines, notamment depuis la publication par la presse de la lettre que la victime a adressé à son agresseur…
« Stanford protège les violeurs », « un viol est un viol », ou encore, « peu importe ce qu’elle avait bu… » A Stanford, prestigieuse université américaine, de nombreuses pancartes ont été érigées par les étudiants au milieu des toques et des capes noires, ce dimanche 12 juin, lors de la traditionnelle cérémonie de remise des diplômes, en signe de protestation contre le viol dont a été victime une étudiante en janvier dernier sur le campus.
L’affaire, devenue le symbole de la « culture du viol » aux Etats-Unis, secoue le pays depuis plusieurs semaines, après qu’un tribunal californien a rendu, le 2 juin, un verdict pour le moins clément contre l’agresseur : six mois de prison dont trois mois fermes. Brock Turner, 20 ans, ancien étudiant et membre de l’équipe de natation, reconnu coupable, risquait jusqu’à quatorze ans de réclusion.
Tout bascule cependant au lendemain du verdict, avec la publication par BuzzFeed de la longue lettre adressée par la victime à son violeur, qui l’a laissée inconsciente, à moitié nue, derrière une benne à ordure après une fête alcoolisée. « J’ai décidé que je ne voulais plus de mon corps. J’en étais terrifiée », a ainsi confié la jeune femme de 23 ans, restée anonyme, dans l’un des nombreux extraits de la lettre relayés sur internet.
« Je ne savais pas ce qu’il y avait eu dans mon corps, s’il avait été contaminé, qui l’avait touché. Je voulais enlever mon corps comme on enlève une veste et le laisser à l’hôpital avec tout le reste ». Et de poursuivre : « Tu te rends compte qu’avoir un problème d’alcool, c’est différent de boire puis essayer avec acharnement d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un ? » Des mots lus plus de cinq millions de fois sur le site de BuzzFedd. Des mots qui ont rapidement contrasté avec l’attitude de la famille de l’accusé, pour qui une lourde peine de prison aurait été « un prix excessif à payer pour vingt minutes d’action dans une vie de plus de vingt ans. »
Des mots encore qui ont suscité une vague d’indignation jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. « Je ne connais pas votre nom, mais vos mots sont gravés dans mon âme pour toujours », a par exemple écrit à son tour le vice président Joe Biden à la victime. Cette médiatisation parviendra-t-elle à susciter une véritable prise de conscience ? Selon une étude de l’Association of American Universities (AAU) citée par le Monde, en 2015, sur les 150.000 étudiants de 27 campus américains interrogés, 20% des filles et 5% des garçons ont affirmé avoir subi au moins un contact sexuel non consenti durant leurs quatre années à la fac.
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