Royaume-Uni : les pro-Brexit agitent la menace d'une invasion de "criminels turcs"

A moins de deux semaines du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les partisans du Brexit expliquent désormais qu’un maintien entraînerait l’adhésion de la Turquie à l’Union et… une migration massive de « criminels turcs ».

« Certains (des partisans du Brexit) ont admis qu’ils devraient arrêter d’effrayer les gens parce que cela n’aura pas lieu. » Mais à quoi fait donc référence David Cameron ce dimanche 12 juin au micro de la BBC ? Aux propos pour le moins curieux que véhiculent depuis plusieurs semaines de nombreux partisans du Brexit : le maintien du Royaume-Uni dans l’UE engendrerait une arrivée massive de « criminels turcs ».  

La Turquie bientôt dans l’UE ?

Les Turcs arrivent… L’image véhiculée par les pro-Brexit effraie les habitants du Sussex ou de la paisible contrée du Kent. Et pour cause, le scénario élaboré par les pro-Brexit est angoissant : « La criminalité est bien plus élevée en Turquie qu’au Royaume-Uni, comme la possession d’armes, elle aussi plus diffuse », argue le service de presse des pro-Brexit. Ces derniers avancent même que « le gouvernement ne sera pas en mesure d’exclure les criminels turcs entrant au Royaume-Uni », « à cause des principes de libre circulation propres à l’UE. »

Outre la caricature xénophobe qualifiant les Turcs de « criminels », le plan annoncé par ceux qui veulent sortir de l’Union européenne tient à deux conditions. La première : que les Britanniques se prononcent le 23 juin en faveur du maintien. Soit. Ensuite, que la Turquie entre dans l’UE. Au vu des récentes orientations prises par le pouvoir turc, et de la ferme opposition de la France et de l’Allemagne sur la question, la perpective paraît plus que jamais théorique…

David Cameron relève le débat

« 3.000 ans avant l’entrée de la Turquie dans l’UE »« Dépeindre les Turcs comme des criminels ou des terroristes est franchement consternant », a réagi le Premier ministre David Cameron, leader du camp du « Remain » (pour le maintien dans l’UE). Quant à l’entrée de la Turquie dans l’Union, le locataire du 10 Downing Street s’est montré – à peine – ironique : « La Turquie a déposé sa candidature en 1987. Au rythme où avancent les choses, il faudra attendre l’an 3.000 pour la voir adhérer à l’Union européenne… »

Il y a onze ans, la France avait connu un débat similaire. Alors en pleine campagne contre le projet de Constitution européenne, Philippe De Villiers affirmait sur tous les plateaux que « si le oui l’emporte, le processus (d’adhésion de la Turquie à l’UE, ndlr) sera irréversible alors que, si le non gagne, les négociations seront immédiatement suspendues. » Le Vendéen exhibait alors sur les plateaux « une photo du premier ministre turc, prise le 29 octobre 2004, qui montre Recep Erdogan en train de signer la Constitution européenne juste après Jacques Chirac, avec le même stylo, et la même encre. » Une intox certes, mais qui avait porté ses fruits…  

 


 

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