Aux États-Unis, républicains et démocrates divergent sur les conséquences à tirer du massacre d’Orlando. Donald Trump martèle qu’il faut renforcer la lutte contre l’islam radical, alors que Barack Obama et Hillary Clinton préfèrent axer leur discours sur la nécessité de réguler le port d’armes à feu.
Après la tuerie d’Orlando, la campagne présidentielle américaine va reprendre son cours. Mais plus comme avant. Comme le montrent les premières réactions des deux principaux challengers, Donald Trump et Hillary Clinton, chaque camp va intégrer le massacre à son argumentaire… en y voyant une confirmation de ses thèses.
D’un coté, les républicains se concentrent sur la revendication de l’attentat pour mettre en avant la lutte contre l’islamisme radical. Dans un tweet publié ce dimanche 12 juin, Donald Trump s’est ainsi félicité d’avoir « eu raison sur le terrorisme islamique radical« . Oubliant que l’efficacité de sa proposition la plus emblématique sur le sujet, islamophobe – il s’était dit favorable à une interdiction d’entrer sur le territoire américain de tous les musulmans -, n’aurait même pas empêché l’attentat d’Orlando puisque son auteur, Omar Mateen, était né… à New York. Qu’importe, Donald Trump ne compte pas laisser passer l’occasion : alors qu’il avait prévu de consacrer son meeting dans le New Hampshire, ce lundi 13 juin, aux questions économiques, il a finalement prévu d’y parler de « terrorisme, d’immigration et de sécurité nationale ». Et de pointer l’angélisme atribué aux démocrates sur ce sujet, en conseillant à Barack Obama de démissionner car il refuse d’employer les mots d‘ »islam radical ». Hillary Clinton a également été enjointe de se retirer de la course à la Maison-Blanche, pour la même raison.
Pas question en revanche pour Donald Trump et le parti républicain – proches de la NRA, qui finance abondamment leur campagne – de parler d’une régulation du marché des armes à feu. En février, le milliardaire avait d’ailleurs défendu le port d’armes en arguant… qu’il aurait pu empêcher l’attentat du Bataclan, le 13 novembre dernier.
Appreciate the congrats for being right on radical Islamic terrorism, I don’t want congrats, I want toughness & vigilance. We must be smart!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 12 juin 2016
Prononçant une brève allocution ce dimanche 12 juin, Barack Obama a quant à lui soigneusement évité de parler d’attentat ou de terrorisme, préférant condamner « un acte de terreur et de haine« . Omar Mateen avait pourtant été repéré par le FBI pour ses liens amicaux avec des djihadistes et peu après cette prise de parole, Daech a revendiqué l’attaque. Mais face à l’attentat le plus meurtrier perpétré sur le territoire américain depuis le 11-Septembre, qui est aussi la énième fusillade meurtrière (plus de 15) depuis sa prise de fonction, le président sait bien qu’il lui est plus favorable d’axer son discours sur la lutte contre les armes, qu’il porte depuis plusieurs années mais sur laquelle les républicains le mettent en échec, que sur la sécurité nationale dont il paraît plus directement comptable. « Ce massacre est un rappel supplémentaire qui montre à quel point il est facile de se rendre dans une école, une église, un cinéma ou une boîte de nuit pour tirer sur les citoyens. Il faut savoir si l’on veut vraiment être ce genre de pays« , a-t-il donc martelé.
Un argumentaire repris dans un tweet par Hillary Clinton, à laquelle il a passé le flambeau du combat pour un meilleur contrôle de la détention des armes à feu. Elle qui est également comptable d’une partie de la politique de sécurité américaine de Barack Obama, après avoir exercé les fonctions de secrétaire d’Etat de 2009 à 2013. « Nous ne devons pas laisser des armes telles que celles utilisées la nuit dernières entre les mains de terroristes ou de criminels« , a affirmé l’ex-sénatrice de New York. Pas un mot non plus sur Daech ni sur les liens entre le tueur et l’islamisme.
« We need to keep guns like the ones used last night out of the hands of terrorists or other violent criminals. » —Hillary on the FL attack
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 12 juin 2016
Une différence d’approche que l’on a retrouvée en une de la presse américaine. Tandis que le New York Post, proche des républicains, a titré ce lundi 13 juin sur le combat contre Daech, le New York Daily News – proche des démocrates – a préféré pointer la responsabilité de la NRA, le puissant lobby américain des armes à feu, dans le massacre :
You’d never know they were writing about the same country. For shame. pic.twitter.com/8soaVJnFqC
— ian bremmer (@ianbremmer) 13 juin 2016
Une chose est sûre, ces deux questions vont peser dans le débat en vue de l’élection présidentielle de novembre. « La question du terrorisme va dominer la campagne présidentielle dans les prochains mois« , a estimé dimanche Tim Malloy, de l’institut de sondages Quinnipiac, interrogé par l’AFP. « Mais le débat va aussi repartir sur les armes à feu : comment ce type s’est-il procuré un fusil d’assaut ?« , a-t-il noté. Sur le terrain des armes, les démocrates ont l’avantage, la majorité des Américains se disant favorables à un renforcement de la législation. Et selon Quinnipiac, Hillary Clinton est perçue par les Américains comme bien plus capable de gérer une crise internationale que Donald Trump (53% contre 40%). En revanche, les électeurs se montrent moins sûrs quand on leur parle de terrorisme et de Daech : Donald Trump fait alors jeu égal dans certains sondages. Reste à savoir de quel côté va pencher le débat…
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