Le vrai-faux candidat à la primaire a posé les jalons de sa campagne lors d’un meeting près de Lille, mercredi. Sans surprise, sa ligne flirtera résolument avec celle du Front national.
Nicolas Sarkozy n’a pas créé la surprise devant les quelque 800 personnes venues l’écouter à Saint-André-lez-Lille, dans le Nord, mercredi 8 juin. Au contraire, l’ancien chef de l’Etat a confirmé tout ce dont on se doutait depuis plusieurs mois. Oui, il est candidat à la primaire de la droite – même s’il n’est pas encore déclaré. Oui, il est en campagne – même si celle-ci ne dit pas son nom. Oui, sa ligne sera « l’identité » et « la nation », qu’il a exaltées tout au long de son intervention.
Son entourage avait vendu ce discours comme « fondateur ». En fait, Nicolas Sarkozy a servi beaucoup de réchauffé à son public. Il n’était pas nouveau de le voir s’agacer contre « une partie des élites, celles qui nous disent comment penser », lui qui se présentait déjà comme « le candidat du peuple » en 2012. Il n’était pas nouveau de l’entendre fustiger « l’esprit de 68 », lui qui voulait déjà « liquider l’héritage de Mai-68 » en 2007. Il n’était pas nouveau non plus pour lui de dénoncer une « police de la pensée », lui qui ne ratait plus une occasion de s’insurger contre « la pensée unique » ces derniers temps.
Alors à quoi servait ce discours du vrai-faux candidat à la primaire de novembre ? D’abord à faire patienter ses fans, en donnant le ton : sa ligne flirtera résolument avec les positions du FN. Nicolas Sarkozy a encore avancé quelques pions sur le terrain identitaire en parlant de la France comme d’« un pays chrétien, dans sa culture et dans ses mœurs », confrontée au danger d’un « islam militant ». Ou encore en reprenant texto le vocabulaire de Marine Le Pen lorsqu’il a fustigé « l’immigration massive et le communautarisme ». Mais « jamais je n’accepterai la moindre complaisance avec les dirigeants du Front national », a assuré Nicolas Sarkozy, décidé à ne pas franchir « la ligne rouge ». Un délicat exercice d’équilibriste, comme l’admet auprès de Marianne l’un de ses proches conseillers : « Il trace une ligne de crête qui n’est pas facile. Il veut montrer qu’il y a une voie entre le repli nationaliste et la doxa communautariste. »
Nicolas Sarkozy comptait aussi installer un peu plus dans les esprits un futur duel avec Alain Juppé. En témoigne sa sortie sur « la nouvelle idéologie dominante », qui aurait selon lui « imprégné bien au-delà des rangs politiques de la gauche. Nombreux furent touchés y compris à droite. Elle a frappé subrepticement en chantant la douce mélodie des ‘accommodements raisonnables’, des reculs prétendument acceptables, du multiculturalisme revendiqué ». Une attaque en règle contre le maire de Bordeaux, adepte desdits « accommodements raisonnables » avec la laïcité. Jeudi matin sur Europe 1, Sarkozy en a remis une couche en déclarant que « l’identité heureuse, dans un pays qui a six millions de chômeurs, ça n’existe pas ». « L’identité heureuse », un concept là encore développé par un certain Juppé…
Le rendez-vous nordiste était également l’occasion d’une revue de troupes. Pour la première fois, Nicolas Sarkozy a pu exhiber en meeting son nouvel allié François Baroin, trois jours après que le sénateur-maire de Troyes a officialisé son soutien. Ses grognards (anciens et nouveaux) étaient quasiment au complet : Eric Woerth, Christian Jacob, Rachida Dati, Eric Ciotti, Guillaume Larrivé… Seul manquait à l’appel le numéro deux du parti, Laurent Wauquiez, en voyage aux Etats-Unis. Toutes ses troupes sur scène, peut-être, mais en face, la salle était clairsemée avec de nombreux sièges vides. La faute aux embouteillages, ose l’entourage de Sarkozy…
C’est donc bel et bien à un meeting de campagne que cette garde rapprochée a assisté mercredi. La démonstration de force ne va pas arranger les relations entre Nicolas Sarkozy et ses rivaux, qui cachent de moins en moins leur agacement de voir le président de LR utiliser les moyens du parti pour sa promotion personnelle. Gérard Larcher, président du Sénat et membre du comité d’organisation de la primaire, affirmait mercredi soir que la Haute autorité allait être saisie sur cette question. Mais « nous n’avons rien reçu pour l’instant », indique ce jeudi à Marianne la présidente de la Haute autorité, Anne Levade. A suivre… Ces critiques grandissantes contre la double casquette patron de LR/futur candidat sont en tout cas loin d’émouvoir ce sarkoziste : « Les autres n’ont pas voulu ou pas réussi à prendre la présidence du parti. Je trouve ça vraiment minable de leur part. » Puisqu’on vous dit que la campagne a commencé…
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments