Bernard Cazeneuve et Emmanuel Cosse ont signé ce lundi 30 mai une convention pour le contrôle du camp d’accueil de réfugiés de Grande-Synthe. Un camp dont ne voulait pourtant pas l’Etat ces dernières années, prétextant alors « l’appel d’air ». Son objectif à terme est d’ailleurs de fermer ce lieu…
C’est sur une route goudronnée que les ministres de l’Intérieur et du Logement ont pu déambuler ce lundi 30 mai entre les allées du camp de « La Linière » de Grande-Synthe, près de Calais, dans le Nord. Une scène inimaginable il y a encore quatre mois, quand près de 2.000 réfugiés se massaient non loin de là sur un terrain marécageux et boueux. Entre temps, le maire EELV de la commune Damien Carême a réussi à convaincre les services de l’Etat de soutenir la construction d’un nouveau camp, permettant un accueil digne des réfugiés. Ces mêmes installations que l’Etat a officiellement prises en charge ce lundi après que Bernard Cazeneuve et Emmanuel Cosse ont signé une convention avec l’édile écologiste et une association de lutte contre l’exclusion, l’Afeji.
Si la convention prévoit un « accueil républicain des personnes migrantes », celui-ci se fera « de façon temporaire », avant « la fermeture progressive du camp au fur et à mesure des départs des personnes migrantes », a précisé le ministre de l’Intérieur. Des départs que compte provoquer le gouvernement en luttant davantage en amont contre les filières de passeurs vers le Royaume-Uni et, surtout, en proposant aux familles de rejoindre l’un des 134 centres d’accueil et d’orientation (CAO) que compte le pays. L’objet de la convention est claire : les pouvoirs publics prennent en charge la gestion du camp pour « à terme » le fermer. Cette convention prévoit que chaque cabane vide doit être vite démontée et qu’aucun migrant nouveau ne s’installera sans accord conjoint de l’Etat, de la mairie et de l’ONG.
L’Etat s’est engagé ce lundi à hauteur de 3,9 millions d’euros, dont 2,7 millions viennent dédommager l’ONG Médecins sans frontières et la commune de Grande-Synthe, qui ont financé l’installation des installations.
Si elle interroge en cas de nouvelles arrivées de migrants, la prise en main du site par l’Etat est le fruit d’un combat que livre depuis de longues années le maire de Grande-Synthe. C’est en 2008 que l’élu écologiste, voyant arriver des femmes et des enfants parmi les migrants, décide d’installer des tentes chauffées en prévision d’un hiver rugueux. Une intervention alors critiquée par la sous-préfecture, qui craignait un « appel d’air ».
« L’appel d’air » n’aura pas lieu jusqu’à l’été 2015« L’appel d’air » n’aura pas lieu jusqu’à l’été 2015. L’afflux massif de réfugiés, en provenance notamment d’Irak, prend alors de cours la mairie. D’une quarantaine à la fin du mois de juillet, ils sont 1.200 fin octobre et jusqu’à 2.500 les mois suivants. Ces personnes se retrouvent sur « un terrain marécageux, boueux », dans « des conditions abominables, inacceptables, inhumaines au possible », expliquait récemment Damien Carême à Marianne. Le maire décide en septembre de se tourner vers la préfecture pour réclamer de l’aide et arrêter le flux. Celle-ci lui rétorque une nouvelle fois sa crainte d’un appel d’air : « L’Etat nous disait au départ qu’il ne voulait pas avoir un nouveau Calais. Moi, je leur disais qu’il était déjà là justement. C’est une bagarre qui s’est engagée avec l’Etat, une bagarre de persuasion ».
Une « bagarre » que Damien Carême a remporté, avec Médecins sans frontières, le 23 décembre. La commune et l’ONG annoncent alors la tenue d’une conférence de presse pour présenter leur projet de construction d’un nouveau camp, répondant aux normes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Apprenant la nouvelle, Bernard Cazeneuve se libère illico et les rencontre dans la journée. Le ministre de l’Intérieur assure alors que l’Etat prendra en charge le coût de la présence des réfugiés, mais ne donnera son accord pour la construction du site que le 11 janvier. « La Linière » a ouvert ses portes le 7 mars, avant la signature de la convention avec l’Etat.
Depuis sa construction, le nouveau camp de Grande-Synthe s’est progressivement vidé, passant de 1.330 à 757 occupants ces trois derniers mois. Sans doute « l’appel d’air »…
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