Loi Travail : on ne touche à rien, mais on peut s'arranger avec ses opposants…

Invités de deux émissions politiques à l’heure de la blanquette, Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Cambadélis ont déroulé ce dimanche 29 mai la stratégie du gouvernement face aux opposants à la loi Travail : ne rien lâcher sur le texte mais fluidifier les négociations en cours dans les secteurs où la grogne anti-loi El Khomri est particulièrement vivace.

Ne comptez pas sur eux pour lâcher du lest sur la loi Travail. Mais sur d’autres dossiers, il faut voir… Ce dimanche 29 mai, Stéphane Le Foll puis Jean-Christophe Cambadélis se sont exprimés sur le devenir de la loi portée par Myriam El Khomri. Pour le porte-parole du gouvernement comme pour le premier secrétaire du Parti socialiste, les choses sont claires : pas touche à la loi, ni au très controversé article 2 qui consacre l’inversion de la hiérarchie des normes.

Invité du 12/13 sur France 3, Stéphane le Foll est passé par un chemin bien sinueux, avant de laisser peu de place au doute : « On aura comme responsabilité d’être toujours déterminés, sereins, ouverts (…). Rien n’est absolument terminé, il faut continuer à discuter mais le constat a encore été fait hier, par le Premier ministre, que du côté par exemple de la CGT comme de FO, c’est ‘vous retirez le texte’ (pour la CGT) et FO : ‘Vous retirez l’article 2’. Ce que le Premier ministre comme le gouvernement a rappelé, c’est que nous le ferons pas. Nous sommes prêts à discuter mais pas à renoncer aux objectifs de ce projet de loi. »

Plus loin dans l’émission, Stéphane Le Foll précise ce positionnement ambigu, entre ouverture au dialogue affichée et fin de non-recevoir : « On n’a cessé de répéter qu’on était ouverts au dialogue, mais pas pour dire on retire le texte ou on remet en cause l’article 2, tente le ministre de l’Agriculture. Je vous ai rappelé la position du gouvernement, elle est très claire : pas de retrait du texte, et pas de remise en cause de l’article 2″.

« Loi Travail numéro 2 »

Une demi-heure plus tard sur RTL, c’est au tour de Jean-Christophe Cambadélis de dérouler le même argumentaire, sur l’air du « prêt à discuter, mais pas de ce dont veulent parler les opposants à la loi ». Avec, pour commencer, une pensée énigmatique : « Dans le moment présent, il faut de la de la fermeté mais pas de fermeture. De la fermeté vis-à-vis des blocages, de la fermeté vis-à-vis des Français pris en otage (…). De la fermeté aussi sur la loi Travail numéro 2, et le fait que celle-ci ne puisse pas être retirée. Mais il faut aussi ne pas être dans la fermeture ».

Et le patron du PS de sortir de sa manche une stratégie plus précise encore que celle de Stéphane Le Foll : « Il faut négocier à la SNCF, et je crois que c’est en bonne voie, il faut négocier à la RATP, il faut aussi obtenir un accord sur les intermittents du spectacle ». « Quel rapport ? », demandent les journalistes du Grand Jury, sans parvenir à arrêter le patron du PS. « Et après, quand le moment sera venu (…), il faudra éclairer sans dénaturer. C’est-à-dire qu’il faudra respecter l’accord que nous avons passé avec les syndicats réformistes, c’est-à-dire respecter l’esprit de cette loi ».

Le voici, le rapport : on accepte les revendications catégorielles de populations dont on sait qu’elles sont en première ligne dans la mobilisation contre la loi Travail, en échange de quoi celles-ci sont priées de laisser passer la loi sans plus broncher.

« Éclairer et rassurer » sur une loi qui est « bonne »

Evoquant une loi face à laquelle il avait exprimé des doutes dans sa première version, Jean-Christophe Cambadélis explique, sur la même longueur d’onde que Stéphane Le Foll : « Je crois, moi, qu’elle est bonne, (…) maintenant elle est bonne, elle est équilibrée. Il faut sûrement éclairer et rassurer, mais il ne faut absolument pas dénaturer ».

Dans le Journal du Dimanche, l’entourage de François Hollande confirme la stratégie de l’exécutif. « Il faut être ouvert à des formes de discussion et de dialogue, décrypte un proche du président de la République. Pas sur la loi elle-même. Mais à la SNCF, à la RATP, à Air France, dans l’aviation civile, des discussions sont déjà ouvertes (…). Il y aura aussi bientôt l’accord définitif sur les intermittents. Dans les ports, Alain Vidalies mène une négociation européenne sur les dockers. La CGT sait qu’elle n’obtiendra pas le retrait de la loi, mais il faut qu’ils obtiennent des choses dans d’autres secteurs. » À voir maintenant si les opposants à la loi Travail mordront à l’hameçon un peu gros de ce « passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe », façon Parti socialiste.

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