Les tribunaux islamiques tolérés au Royaume-Uni

Outre-Manche, l’Etat s’accommode de dizaines de structures officieuses qui disent le droit selon les principes édictés par la charia. Même si une enquête vient d’être lancée par les autorités qui s’inquiètent du sort réservé aux droits des femmes, fermer ces « tribunaux » illégaux n’est pas à l’ordre du jour.

Où s’arrêteront les dérives du communautarisme ? Au Royaume-Uni, au moins une trentaine de tribunaux islamiques officieux, ou « conseils de la charia », officient en toute impunité. Un scandale pour les autorités ? Pas vraiment, puisque le ministère de l’Intérieur britannique, qui lance tout de même une enquête sur le phénomène, reconnaît le rôle positif pour les croyants de ces assemblées…

Le Home office anglais a tout de même fini par s’inquiéter des discriminations que pourraient subir les femmes dans ces juridictions parallèles, puisqu’on y traite beaucoup de mariages et de divorces. Les autorités britanniques redoutent ainsi des mariages forcés et des divorces contraints, sans l’assentiment des femmes concernées. Mais, au nom de la tradition communautariste en vigueur outre-Manche, fermer ces « charia’s courts » n’est pas à l’ordre du jour.

Les tribunaux islamiques « discriminatoires »

Les tribunaux islamiques ne sont pas légalement reconnus sur le sol britannique mais, rapporte le quotidien anglais The Independent, la ministre de l’Intérieur Theresa May souligne que de nombreux Britanniques suivent des codes et pratiques religieux et qu’à ce titre, les conseils de la charia leur offrent selon elle un guide précieux. « Il n’y a qu’un seul État de droit dans notre pays, qui donne des droits et des garanties à chacun des citoyens », rappelle toutefois la patronne du Home office, admettant qu’« un certain nombre de femmes auraient été victimes de ce qui apparaît comme des décisions discriminatoires prises par les conseils islamiques ».

Ces tribunaux de l’ombre ne reconnaissent en effet pas forcément les divorces ou mariages civilement conclus devant les autorités officielles, explique The Independant. Or, sans surprise, les femmes ne partent pas du même pied que les hommes dans ces conseils de la charia. Selon les préceptes de la loi islamique, pour divorcer, un homme doit se contenter de répéter trois fois « Je divorce de toi » à son épouse. La femme, elle, a besoin de l’assentiment d’hommes de foi. À défaut, elle risque d’être considérée comme adultérine en cas de remariage.

Cette justice à deux vitesses, où s’affrontent droit civil et droit religieux, semble néanmoins être entrée dans les moeurs outre-Manche. Selon le correspondant du Figaro à Londres, « il n’est pas rare de voir des avocats inscrits au barreau recevoir une formation sur les préceptes de la loi islamique, afin d’en tenir compte dans les procédures civiles concernant leurs clients musulmans. » Les résultats de l’enquête du ministère de l’Intérieur britannique sont attendus l’année prochaine.

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