600.000 chômeurs supplémentaires depuis 2012 ? C’est vrai, et c’est pour un quart dû à la réforme des retraites menée par un certain Nicolas Sarkozy…
« Sous mon prédécesseur, le chômage a augmenté d’un million. Depuis 2012, de 600.000. » Au micro d’Europe 1 le 17 mai, François Hollande a dû essuyer les critiques des fact-checkeurs de tous poils. Il faut dire qu’en cherchant à se rassurer en se comparant a son prédécesseur, le chef de l’Etat a commis deux erreurs qui ont été rapidement relevées. Il aurait été sans doute mieux inspiré de mettre au compte de son prédécesseur près de 150.000 chômeurs supplémentaires induits par la réforme des retraites de 2010. Explications.
Commençons tout d’abord par les deux erreurs de François Hollande. La première, la comparativité : le président met en balance le bilan de ses 47 mois de mandat avec celui des 60 mois de Nicolas Sarkozy. Comme les deux périodes sont marquées par une forte poussée du nombre de chômeurs, cela conduit automatiquement à alourdir la balance coté Sarkozy. Pour 47 mois, entre mai 2007 et mars 2011, le compteur de l’actuel patron de Les Républicains frôle les 800.000. Seconde erreur, celui de l’actuel locataire de l’Elysée est en réalité de 638.500. Le chef de l’Etat avait-il déjà eu vent de la seconde baisse consécutive du chômage que Pole emploi s’apprêtait à publier 10 jours plus tard ?
Si François Hollande avait voulu se décharger un peu sur son Nicolas Sarkozy, il lui aurait fallu entrer dans le détail et s’intéresser à la réforme des retraites de 2010. Certains économistes avaient bien pointé un des risques majeurs de cette réforme. En période de faible croissance, repousser de 60 à 62 ans l’âge de la retraite (graduellement jusqu’en 2018), c’est maintenir d’autant au chômage les personnes de plus de 60 ans. La courbe que nous publions ci-dessous montre l’ampleur massive du phénomène.
Marginal avant la réforme (et pour cause, les gens liquidaient leur droit une fois l’âge de 60 ans atteint), le nombre de personnes inscrites à Pole Emploi en catégorie A passe de moins de 10.000 en 2008 à 42.700 à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. En avril 2016, il frôle les 200.000, soit une progression de 150.000 personnes. « Chaque fois que l’âge de la retraite sera décalé vers le haut, sauf si le chômage est en fort recul, il va y avoir un flux d’arrivée de chômeurs qui vont devoir patienter au chômage plus longtemps. Même s’ils n’ont plus d’allocation, ils restent à Pôle emploi pour la Sécurité sociale », décrypte Jean-Charles Simon, président de Facta.
A elle-seule, cette population de chômeurs âgés représente donc un quart de la hausse total du nombre de personnes en catégorie A, (600.000 en avril 2016).
Cependant, pour que le Président fasse feu de ce bois là, il lui aurait fallu mettre en cause la réforme, ce qu’il n’a fait que marginalement.
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