Pourquoi et où y a-t-il une pénurie d'essence ?

Alors que les forces de l’ordre ont débloqué ce mardi 24 mai la raffinerie de Fos-sur-Mer, l’ensemble des sites nationaux sont en grève. La radicalisation du discours de la CGT, qui défend une grève générale pour obtenir le retrait de la loi Travail, laisse entrevoir une aggravation de la pénurie d’essence.

L’ensemble des raffineries en grève

Les forces de l’ordre ont débloqué ce mardi matin la raffinerie de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Principal site fournisseur de carburant en Provence, des camions-citerne sortent de l’usine depuis le déblocage afin de fournir les stations de la région. Manuel Valls, qui menaçait les grévistes dès la semaine dernière de recourir à la force pour « permettre l’accès » aux sites, a expliqué ce matin sur Europe 1 que « d’autres sites seront libérés »

Les propos de Manuel Valls ont fait réagir la CGT et son secrétaire général Philippe Martinez, qui estime ce mardi que le Premier ministre « est dans une posture » . Et d’affirmer qu’il « est illégal de débloquer les raffineries ». Le syndicat assure que l’ensemble des raffineries sont touchées par des grèves ce mardi. Lundi, sur les huit raffineries que compte le pays, six ne fesaient plus sortir de carburant.

Quant aux dépôts de carburant, une dizaine sur les 78 répartis sur le territoire étaient bloqués lundi.

 

2.200 stations essence touchées sur 12.000

En se propageant sur l’ensemble du territoire, ces blocages contraignent le réapprovisionnement des stations-essence dans ces régions. Le ministère des Transports a indiqué ce mardi matin que près de 2.200 stations, sur les 12.000 que compte le pays, sont touchées par un manque partiel ou total de carburant. La situation s’aggrave donc : lundi, le secrétaire d’Etat aux Transports comptait près de 1.600 stations en pénurie, soit « moins de 20% » de l’ensemble des stations du territoire. Un seuil aujourd’hui atteint.

Les Hauts-de-France et la Normandie sont les régions les plus touchées par la pénurie de carburant depuis le début des blocages. Mais ce mardi, toute la France est peu à peu gagnée par les insuffisances de ravitaillement. En certains endroits de l’Ile-de-France aussi, la situation est précaire : 76 stations étaient ainsi en rupture totale ou partielle ce lundi, rien que pour le groupe Total. Des difficultés qui se concentrent dans l’Ouest parisien (Hauts-de-Seine et Yvelines).

Le comparateur de prix à la pompe mon-essence.fr publie une carte en direct de la pénurie :

 

Face au risque plus élevé dans ces territoires, les préfectures ont pris des dispositions préventives. En Ille-et-Vilaine, Côtes d’Armor, Finistère, Orne, Loire-Atlantique, Vendée, Mayenne et l’Eure, des arrêtés limitent le volume maximal de carburant pour les véhicules légers à 20 ou 30 litres. Et à un volume maximal de 40 ou 50 litres pour les poids lourds. Les préfectures de Seine-Maritime, Calvados, Nord, Somme et Pas-de-Calais ont interdit pour leur part le stockage de carburant dans des bidons.

 

 Le gouvernement conteste le risque de pénurie

Alain Vidalies a martèle lundi qu’il n’y a « pas de risque de pénurie » de carburant « pour la semaine » dans les stations françaises, appelant les automobilistes à ne pas céder à la « panique« . Une pénurie que ces derniers vivent pourtant déjà par milliers. Inquiets d’un futur manque de carburant, les automobilistes se sont précipités ces derniers jours à la pompe, amplifiant le phénomène. Certaines stations ont ainsi enregistré une consommation « trois fois supérieure à la moyenne », selon Laurent Michel, directeur général de l’Energie et du Climat.

Interrogé sur le risque de pénurie, le secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT a qualifié de « virtuels » les « 90 jours de stocks stratégiques » avancés par le secrétaire d’État aux Transports. « Ces stocks sont très fluctuants, ils sont situés dans les raffineries pour la plupart et donc à partir du moment où elles ne sont pas accessibles, ça devient difficile« , a-t-il rappelé… Et le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, appelle depuis ce week-end à « généraliser la grève ».

 


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