C'est l'histoire d'un grand patron qui peste contre les rémunérations "indécentes" puis s'augmente de 18%…

Le salaire de Paul Hermelin, patron du géant de l’informatique, Capgemini, s’est envolé en 2015. +18% soit un total de 4,8 millions d’euros. L’enveloppe consacrée aux hausses des rémunérations des salariés français du groupe s’est de son côté considérablement amincie. En 2013, Paul Hermelin, grand patron de gauche, aurait pourtant trouvé l’opération « indécente »… C’est en tout cas ce qu’il expliquait dans un livre.

Paul Hermelin, le patron du géant de l’informatique, Capgemini, est un patron heureux. En 2015, son salaire annuel a augmenté de 18% pour atteindre 4,8 millions d’euros grâce, entre autres, à la distribution d’un paquet d’actions gratuites dites de « performance » (40 000 en tout) valorisées à 2,3 millions d’euros. Si les actionnaires ont validé l’opération, les syndicats, eux, sont loin de partager leur avis. « Il faut mettre cette augmentation en parallèle avec l’enveloppe consacrée aux hausses de salaires pour les 22 000 salariés français. Elle est passée de 900 000 euros en 2014 à 806 000 euros en 2015« , s’indigne en effet Thierry Achaintre, secrétaire de la CGT Capgemini dans Libération.

Et de poursuivre :

« Lors des négociations annuelles, la direction de Capgemini nous a expliqué qu’elle prônait la modération salariale parce que les perspectives économiques ne sont pas sûres et la concurrence est rude. Mais, apparemment, cette modération ne vaut pas pour tout le monde ».

Pis, cette modération, Paul Hermelin la prônait il n’y a pas si longtemps dans un livre, paru en 2013, Ceux d’en haut, une plongée dans le monde des « décideurs ». Déjà PDG à l’époque de Capgemini, l’intéressé, figure de la gauche, membre du PS, ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn et proche de François Hollande, n’hésitait pas à affirmer sa ligne de (bonne) conduite.

M-o-d-é-r-a-t-i-o-n

Ecoutons-le : « Quand j’ai fait des licenciements en 2002-2004, confie-t-il à l’auteur, j’ai diminué toutes les rémunérations à commencer par la mienne. Et quand a éclaté la crise des subprimes, j’ai coupé 30% des bonus parce qu’il fallait montrer que nous étions solidaires. En trois ans j’ai pris trois fois des stock-options – j’ai vu des mes yeux, un patron rafler 90% des stock-options de sa boîte, c’est totalement indécent ; moi quand j’en prends c’est 1,1%. (…) Je n’ai pas de goût pour l’argent. Ma passion c’est la musique… » L’opéra autant que le rap.

Avec 4,8 millions d’euros, Paul Hermelin n’aura que l’embarras du choix, Tchaïkovski, Kanye West, Booba, Chopin, La Fouine, Schubert, etc. Il sera peut-être rejoint par d’autres grands patrons, Carlos Tavares, de PSA par exemple ou encore Carlos Ghosn chez Renault, qui n’ont pas non plus le goût de l’argent mais qui ont vu leurs salaires s’envoler…

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