Six députés écologistes ont décidé de siéger désormais avec les socialistes, signant de facto l’arrêt de mort du groupe constitué en 2012. Un nouvel épisode de la lente désagrégation d’Europe Ecologie-Les Verts.
Le député estampillé Europe Ecologie-Les Verts (EELV) était déjà une espèce en voie de disparition à l’Assemblée nationale, une partie des élus ayant quitté le parti sur fond de scission interne. C’est désormais le groupe écologiste qui coule, ce jeudi 19 mai, après le départ d’une partie de ses membres. Six députés – François de Rugy, Eric Alauzet, Christophe Cavard, François-Michel Lambert, Véronique Massonneau et Paul Molac – rejoignent en effet les rangs du groupe socialiste. Une décision qui signe de facto l’arrêt de mort du groupe écologiste, qui comptait 16 membres, puisqu’il faut au moins 15 députés pour en constituer un.
Dans un communiqué commun, le groupe PS et ces six députés écolos dénoncent « une dérive sectaire » d’EELV, « concrétisée par le départ brutal et unilatéral du gouvernement » (qui date d’il y a… deux ans !). « Entretenir et cultiver les divisions de la gauche serait plus qu’une erreur : ce serait une faute, une impasse », écrivent-ils.
A l’image du parti EELV, le groupe écologiste à l’Assemblée était déjà scindé en deux sensibilités différentes : les partisans d’un ralliement au gouvernement d’un côté, emmenés par François de Rugy et Barbara Pompili, et les anti-gouvernement de l’autres, conduits par Cécile Duflot. Mais les deux camps avaient tout de même continué à siéger ensemble, histoire de conserver les avantages qu’offre un groupe parlementaire, comme l’attribution de postes dans les commissions, le temps de parole et les moyens alloués par le Palais Bourbon.
Ce pacte d’équilibriste conclu en octobre 2015 n’aura pas tenu plus de sept mois. Il est vrai qu’entretemps, trois écologistes ont fait leur entrée au gouvernement en février : Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili. Surtout, la révélation des accusations de harcèlement sexuel contre le député Denis Baupin, le 9 mai, a encore fait monter la tension interne. Les écologistes ont en effet désigné François de Rugy pour lui succéder à la vice-présidence de l’Assemblée nationale, mais ils ne sont pas parvenus à s’entendre pour trouver un successeur à ce dernier comme co-président du groupe…
Ce nouvel épisode de la lente désagrégation d’EELV semble faire les affaires de François Hollande, qui s’emploie depuis des mois à diviser les écologistes pour mieux régner – avec un certain succès. Les six députés sécessionnistes siégeront désormais au groupe socialiste, rebaptisé pour l’occasion « groupe socialiste, écologiste et républicain ». Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, qui tente laborieusement de rassembler des troupes derrière le chef de l’Etat en vue de la présidentielle, a d’ailleurs aussitôt souhaité sur Twitter « bienvenue aux écologistes », saluant « une belle alliance ». Allusion très claire à la « Belle Alliance populaire » lancée le 25 avril par le même Camba pour essayer de remobiliser la gauche.
De son côté, EELV – ou ce qu’il en reste – revendique désormais une pleine autonomie. Fin avril, le secrétaire national David Cormand indiquait à Marianne que son parti présenterait « des candidatures indépendantes » aux législatives de 2017. En prenant le risque de ne pas obtenir autant de députés qu’en 2012, et donc d’être dans l’incapacité de ressusciter un groupe à l’Assemblée.
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