Après le coup d’éclat de Nicolas Sarkozy, Les Républicains ont finalement trouvé un compromis assez bancal sur le vote des Français de l’étranger. Un épisode révélateur des tensions qui règnent entre l’ancien chef de l’Etat et ses rivaux. Et il reste six mois avant le scrutin…
C’était la foule des grands jours, mardi 17 mai, au bureau politique de Les Républicains ! Pas moins de 85 présents, dont Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet, tous candidats déclarés à la primaire de la droite. Ce soudain engouement avait une raison : le règlement d’un conflit déclenché début mai par Nicolas Sarkozy à propos des modalités de vote des Français de l’étranger. Lors du précédent bureau politique du 3 mai – où les rangs étaient bien plus clairsemés – le patron du parti avait fait adopter le vote par bulletins papier, alors qu’un scrutin électronique était auparavant prévu. Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’une de ces mini-tornades dont la droite a le secret !
En effet, les rivaux de Sarkozy n’étaient pas présents à cette réunion, mais ils n’avaient pas tardé à protester. Il est vrai qu’un vote uniquement papier aurait sans aucun doute découragé de nombreux expatriés de participer. Un compromis a finalement été adopté à l’unanimité par le BP mardi, pas vraiment dans le sens d’une simplification : le vote des Français de l’étranger sera papier… et électronique ! Des bureaux de vote seront installés dans les grandes villes où ce sera possible, mais partout ailleurs, les expatriés pourront voter par Internet. Une solution un peu bancale, d’autant que si les sarkozystes ont protesté contre le scrutin électronique, c’est officiellement parce qu’ils estimaient que les électeurs de l’étranger devaient voter dans les mêmes conditions que ceux établis en France. « Sarkozy se plaignait d’une inégalité, mais il en crée une plus grande encore », grince Gilles Boyer, le directeur de campagne d’Alain Juppé.
Sans compter qu’en plus des quelque 10.000 bureaux de vote prévus sur le territoire français, les organisateurs de la primaire vont devoir en dénicher d’autres à Londres, Bruxelles, Genève, etc. Un sacré casse-tête en perspective ! « Il faut se procurer des isoloirs et des urnes, trouver des locaux et des personnes pour tenir les bureaux de vote, examiner la question des assurances », énumère Anne Levade, qui préside la Haute Autorité indépendante chargée d’organiser la primaire. « Ce n’est pas la solution la plus simple, mais elle est gérable », assure toutefois la juriste à Marianne.
Le psychodrame semble donc clos, mais il a fait monter la température entre le candidat non déclaré Sarkozy et ses rivaux, unis pour la circonstance. Mardi, malgré l’unanimité du vote final, l’ambiance était quelque peu électrique au bureau politique. « Le débat est inutile et l’argument de rupture d’égalité ne tient pas », a lancé Alain Juppé, tout en trouvant le compromis « parfaitement satisfaisant ». « Tu n’as pas besoin de t’énerver », lui a rétorqué Nicolas Sarkozy. « On a besoin de sang-froid et d’autorité. »
« On ne peut pas dire que Sarkozy ait gagné médiatiquement », lâche un juppéiste
Ce psychodrame en annonce-t-il d’autres ? « C’était le dernier sujet à trancher », a garanti mardi sur RFI le député Thierry Solère, qui préside la commission d’organisation de la primaire. Pourtant, rien ne dit que d’autres chicaneries sur les modalités de vote ne surgiront pas d’ici au premier tour, le 20 novembre, alors que la carte des bureaux de vote n’a pas encore été établie par la Haute Autorité. Des épisodes de tension, « il y en aura d’autres », confie d’ailleurs Anne Levade. « Mais rien ne m’effraie ! »
Reste une question : quel était le véritable but de la manœuvre de Nicolas Sarkozy ? Souhaitait-il faire baisser le nombre de votants, alors qu’il compte s’appuyer sur le noyau dur des militants LR face à la popularité d’Alain Juppé parmi les sympathisants de droite et du centre ? Voulait-il affirmer son autorité sur l’organisation de la primaire ? Ou même fragiliser le processus ? Toutes ces hypothèses circulent. En tout cas, « on ne peut pas dire qu’il ait gagné médiatiquement », lâche un juppéiste. « Cet épisode lui aura fait du mal dans l’électorat des Français de l’étranger. Et s’il gagne la primaire alors qu’il aura contribué à affaiblir le processus, c’est lui qui en paiera le prix. »
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