Le pape François revient longuement, ce mardi 17 mai dans le journal « La Croix », sur l’affaire Barbarin à travers une interview qui aborde pêle-mêle l’affaire de pédophilie qui a secoué ces dernières semaines le diocèse de Lyon mais aussi la laïcité en France. Démontrant un sens particulier des priorités…
Dans un entretien accordé au quotidien La Croix, le pape François revient longuement, ce mardi 17 mai, sur l’affaire Barbarin, du nom de l’archevêque de Lyon accusé d’avoir couvert les agissements d’un prêtre pédophile commis au sein du diocèse. Alors que le Premier ministre, Manuel Valls, avait publiquement demandé en pleine tourmente la démission de l’intéressé, qui fait l’objet de poursuites judiciaires pour « non dénonciation » dans deux enquêtes distinctes, le pape estime quant à lui que ce serait tout simplement « un contresens », voire une « imprudence ».
« On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable », se justifie-t-il avant de multiplier les éloges et les égards à l’adresse du religieux mis en cause. « D’après les éléments dont je dispose, je crois qu’à Lyon, le cardinal Barbarin a pris les mesures qui s’imposaient, qu’il a bien pris les choses en main. C’est un courageux, un créatif, un missionnaire » ajoute-t-il. Le cardinal lui-même avait pourtant reconnu, le 25 avril dernier, « des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres ». Philippe Barbarin avait notamment révélé, dans La Croix lui aussi, avoir été personnellement informé dès 2007 des agressions sexuelles présumées commises sur des scouts entre 1986 et 1991, et n’avoir alors ni dénoncé ces actes à la justice ni suspendu le prêtre mis en cause, le père Bernard Preynat, resté en activité jusqu’au mois d’août 2015.
« Le pape n’a pas tous les tenants et les aboutissants pour considérer que le cardinal Barbarin doit rester en place », a réagi auprès de l’AFP François Devaux, l’un des fondateurs de l’association La parole Libérée, à l’origine de l’affaire. En ce qui concerne les cas de pédophilie parmi les serviteurs de l’Eglise, le pape veut se montrer en revanche intransigeant : « En ce domaine, il ne peut y avoir de prescription ». Et de citer son prédécesseur : « Comme avait dit Benoît XVI, la tolérance doit être de zéro. » Mais pour le cardinal Barbarin, il convient « d’attendre la suite de la procédure devant la justice civile ».
Il y a un autre sujet sur lequel le pape se montre inspiré : la laïcité. « La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité », assène-t-il. Et d’ajouter : « Si une femme musulmane veut porter le voile, elle doit pouvoir le faire » . Pour François, qui critique comme il l’a déjà fait l’approche française de la laïcité, « héritage des Lumières » , « la France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous ». Peut-être ne dispose-t-il pas non plus des tenants et des aboutissants pour savoir que le voile n’est pas interdit ici et que la « laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse », qu’il prône et qui donne « à chacun le doit d’avoir la liberté d’extérioriser sa propre foi », existe déjà en France, où c’est précisément la laïcité qui garantit la liberté de culte… Ou bien considère-t-il toujours la France comme la fille aînée de l’Eglise, malgré son émancipation ?
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