A un peu plus d’un mois du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les leaders conservateurs des deux camps ont déjà employé des arguments pour le moins osés. Florilège.
Tous les arguments sont bons pour défendre sa chapelle. Alors que la date du référendum approche (le 23 juin), les anciens camarades d’université et partenaires conservateurs David Cameron et Boris Johnson cumulent les phrases chocs. Le Premier ministre pour défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, l’ex-maire de Londres pour soutenir un « Brexit ».
► « Napoléon, Hitler… plusieurs personnes ont essayé de le faire, et cela s’est terminé de manière tragique. L’Union européenne est une autre tentative avec des méthodes différentes ».
En affirmant ce dimanche 15 mai que la construction européenne visait à ériger un super-Etat à l’instar des « empires » napoléoniens et hitlériens, Boris Johnson a hérissé le camp adverse. Les anti-Brexit dénoncent un acte « désespéré » de l’ancien maire de Londres. Et auraient pu lui rappeler que l’Europe, c’est aussi Adenauer, Monnet, Gasperi, Churchill, Wilson…
► « Quelques-uns ont dit qu'[Obama] snobait les Britanniques. D’autres disent que c’est le symbole de l’aversion ancestrale de l’Empire britannique d’un président en partie Kényan ».
Avant Hitler l’Européen, Obama le Kenyan ! Au lendemain du discours londonien du président américain en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, le 21 avril, Boris Johnson n’a pas hésité à justifier la position de Barack Obama par ses racines. Les origines kenyanes du locataire de la Maison-Blanche expliqueraient ainsi sa prétendue aversion pour le Royaume, ancien colonisateur du Kenya. Classe.
► « C’est comme si un gardien de prison laissait accidentellement une porte ouverte et que les gens pouvaient voir la terre ensoleillée au-dehors ».
Les Britanniques, prisonniers de l’Union européenne ? La métaphore filée par Boris Johnson a de quoi laisser songeur. Alors qu’il justifie une sortie du Royaume pour exercer notamment un plus fort contrôle des frontières nationales, l’ancien édile londonien estime que l’UE emprisonne ses compatriotes. Qui découvriraient, en cas de Brexit, « la terre ensoleillée au-dehors »… L’Europe à l’envers.
► « Les longues rangées de tombes blanches amoureusement entretenues des cimetières militaires du Commonwealth sont un rappel muet du prix que notre pays a payé pour restaurer l’ordre et la paix en Europe. Pouvons-nous être sûrs que la paix et la stabilité de notre continent sont assurées sans l’ombre d’un doute ? Est-ce que nous pouvons nous payer le luxe de prendre ce risque ? Je n’aurai jamais la légèreté de l’affirmer ».
Sortez les mouchoirs, David Cameron fait dans le pathos. Dans le très inspirant musée de l’histoire britannique de Londres, le Premier ministre a prononcé le 9 mai le plus lyrique des discours de cette campagne. Au point de menacer d’une troisième guerre mondiale en cas de Brexit. Un peu too much, isn’t it ?
► « Si la Grande-Bretagne quitte l’UE, il n’y a aucune garantie que les contrôles (frontaliers actuellement opérés à Calais, ndlr) restent en place. Sans ces contrôles, rien n’empêcherait des milliers de migrants de traverser la Manche en une nuit pour venir demander asile dans le Kent ».
Le Kent, ses vergers et ses houblonnières centenaires, qui lui ont valu le doux surnom de « jardin de l’Angleterre », va-t-il accueillir demain des milliers de migrants venus du continent ? Un scénario à la Jonathan Gems – une sorte de Migrants attack ! – qu’a évoqué le 8 février l’un des représentants du 10 Downing Street. Et qui vise – plus ou moins subtilement – à effrayer des Britanniques submergés par une vague d’immigrés clandestins traversant massivement la Manche…
► « Il y a un énorme doute » concernant l’avenir des ressortissants européens sur le sol britannique en cas de Brexit ».
Ce propos n’est pas signé David Cameron, mais c’est tout comme. Le porte-parole du ministre de l’Intérieur à la Chambre des Lords a répondu le 15 mai à une question portant sur le devenir des ressortissants européens sur le sol britannique en cas de Brexit. Malgré l’engagement du Royaume-Uni dans des conventions internationales qui garantissent le droit de résidence pour les étrangers installés légalement, le représentant du gouvernement de David Cameron évoque « un énorme doute ». Une « stratégie de la peur » que même les eurosceptiques, majoritairement anti-immigration, ont dénoncé…
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