Montebourg, Aubry, Hamon, Taubira : qui forcera Hollande à une primaire ?

En ce lundi de Pentecôte, Arnaud Montebourg s’est lancé dans son traditionnel assaut du Mont Beuvray. Première marche vers la présidentielle ? Pour convaincre François Hollande de participer à un primaire socialiste, il est en tout cas indispensable qu’émergent des candidatures suffisamment crédibles pour inquiéter le président sortant. Tour d’horizon des potentiels candidats ayant ce profil.

Tour de chauffe pour Arnaud Montebourg. Ce lundi 16 mai, le trublion du made in France s’est lancé de nouveau à l’assaut du Mont Beuvray, comme il le fait chaque année depuis 2004. Sauf que ces dernières années, l’ascension très médiatique s’est nettement politisée pour devenir l’un des rendez-vous incontournables de l’aile gauche du Parti socialiste. En 2015, l’ancien locataire de Bercy était venu y apporter son soutien à la candidature du « frondeur » Christian Paul à la tête du PS face à Jean-Christophe Cambadélis. En 2016, cette randonnée a eu des airs d’échauffement en vue de l’élection présidentielle de 2017.

Une séance de remise en forme avec un triple objectif pour l’ancien député de Saône-et-Loire : tester sa popularité dans l’opinion public, compter ses troupes et imposer l’idée d’une candidature socialiste alternative à celle de François Hollande. Car si la primaire des gauches et des écologistes est morte-née, celle du PS, inscrite dans les statuts par les bons soins d’une certaine Martine Aubry, est théoriquement toujours d’actualité. Et à moins de fracturer le parti, Solférino et le président de la République ne pourront en faire l’économie si des candidatures crédibles venaient à voir le jour.  

C’est ce que nous confiait, dès le mois de février dernier, l’un des partisans de la primaire socialiste :

« Le pari de François Hollande est qu’il n’y ait personne qui émerge du lot. Si plusieurs têtes d’affiche sortent du bois, ça peut changer la donne. Sinon, on sera forcé de se mettre derrière lui pour 2017. Sa seule stratégie est d’attendre, de temporiser jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour organiser quoi que ce soit. Si quelques uns commencent à dire ‘s’il n’y a pas de primaire je suis candidat’, comme un Montebourg, un Jadot ou une Cécile Duflot, là, Hollande devra bouger ».

Ce qui explique l’annonce surprise, fin mars, de la candidature de la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, l’une des animatrices de l’aile gauche du PS. Mais malgré toute la bonne volonté de cette militante infatigable de l’union des gauches, c’est loin de suffir pour inquiéter le président sortant. Il en serait tout autrement d’un Arnaud Montebourg, fort de ses 17% à la primaire de 2011 et dont la stature s’est épaissie depuis son passage à Bercy et la mise en scène de son combat pour le redressement productif. Si Montebourg réclame une primaire, François Hollande aura du mal à y échapper. Et cette candidature de l’ancien avocat pourrait en entraîner d’autres…

 

Benoît Hamon l’éternel second ?

« Je serai probablement candidat s’il y a une primaire », expliquait il y a peu sur France Inter Benoît Hamon, député des Yvelines passé par les ministères de l’Economie sociale et solidaire et de l’Education,. Pas étonnant, puisqu’il ronge son frein depuis quelques années. Lors de la bataille du Congrès de Poitiers, il avait ainsi dû passer son tour au profit de Christian Paul. Si l’ancien ministre dispose d’une certaine force de frappe médiatique, le choix du député de la Nièvre était apparu comme une nécessité pour éviter la guerre des chefs de l’aile gauche du PS. Surtout certains, au sein même de son propre courant, ne lui pardonnaient pas d’avoir participé au dégommage de Jean-Marc Ayrault pour installer à Matignon Manuel Valls. Mais depuis, tout est pardonné et Hamon, qui a repris en main ses affaires, peut de nouveau compter sur le soutien de ses petits camarades. A moins qu’il ne décide de se mettre dans la roue de Montebourg ? Déjà, lors de la primaire de 2011, il s’était posé sérieusement la question d’une éventuelle candidature, notamment en cas de désistement de Martine Aubry au profit de Dominique Strauss-Kahn. Finalement, l’affaire du Sofitel était venue rebattre les cartes et il s’était rangé derrière la maire de Lille. Bis repetita ?

Martine Aubry a la cote chez les sympathisants de gauche

L’ancienne secrétaire, justement, pourrait être une candidature de poids. Elle qui a d’abord tergiversé, s’est finalement déclarée en faveur de l’organisation d’une primaire tout en rappelant, dans les colonnes du JDD : « Je suis bien à Lille, j’y resterai ». Circulez, il n’y a plus rien à voir ! Pourtant, l’ex-cheffe du PS peut se targuer d’avoir la cote dans les sondages. Selon une étude TNS Sofres parue le 17 avril, Martine Aubry arrive ainsi, dans l’hypothèse d’une candidature soutenue par le parti, en tête chez les sympathisants de gauche pour 2017, devant Emmanuel Macron et Manuel Valls. Le problème avec Martine Aubry : c’est justement Martine Aubry.

La maire de Lille a toujours montré de grandes hésitations à rentrer dans la bataille. En 2008, lors du Congrès de Reims, il avait fallu que se soit l’un de ses proches, et sans ordre explicite, qui dépose sa candidature pour prendre le PS. En 2011, sans l’affaire du Sofitel, elle se serait rangée derrière DSK. Plus récemment, lors du Congrès de Poitiers, l’aile gauche avait fondé tous ses espoirs sur son soutien pour prendre le parti : et pour cause, elle ne mâchait pas ses mots contre la politique économique du gouvernement. Espoirs vite douchés puisqu’elle avait finalement décidé de rejoindre la motion hollandienne emmenée par Cambadélis…

Christiane Taubira l’imprévisible

L’autre visage de l’alternative à François Hollande pourrait bien ne pas venir du sérail socialiste. L’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira, bénéficie elle aussi d’une certaine aura à gauche. Forte de sa popularité après son bras de fer avec la droite pour faire passer la loi sur le mariage pour tous, menée avec une éloquence magistrale, elle avait su séduire à gauche. 

.@ChTaubira démissionne. Ouf! Une candidate pour @notreprimaire?

— Yannick Jadot (@yjadot) 27 janvier 2016

Lors du lancement du mouvement « Vive la gauche » des frondeurs du PS, elle avait créé l’émeute en les gratifiant de sa présence. Surtout, sa sortie du gouvernement suite au débat sur la déchéance de nationalité lui donne l’avantage de la cohérence. Las, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2002 semble être atteinte du même mal que Martine Aubry. Dans l’émission de Michel Denisot « Conversations secrètes », enregistrée avant l’annonce de son départ, Christiane Taubira écartait l’idée de participer à une primaire. A l’occasion de divers déplacements, elle a assuré à plusieurs reprises rester « loyale » au Président. A moins qu’elle ne change d’avis en route…

Qui aimeriez-vous le plus voir se lancer face à François Hollande pour 2017 ?https://t.co/IiVTbYZHxC

— Marianne (@marianne2fr) 16 mai 2016

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