Ferme des 1000 vaches : souffrance animale et profits à gogo pour l’agro-business

Invité en ce lundi de Pentecôte dans la matinale de France Inter, le journaliste et écrivain Christian Laborde, auteur de « La cause des vaches », dénonce les conditions d’élevage de ces dernières, notamment dans la très critiquée « ferme des 1000 vaches » implantée dans la Somme.

Il plaide « la cause des vaches*« , qu’il aime et qu’il célèbre depuis son enfance passée dans le col du Tourmalet (en Languedoc-Roussillon). Dans son nouveau livre, le journaliste et écrivain Christian Laborde, dédie une ode à ces mammifères qu’il a vu paître « libres » dans les pâturages des Pyrénées, et qui apparaissent aujourd’hui de plus en plus menacés par l’élevage intensif qui a transformé leurs conditions de vie en un véritable « calvaire ». En témoigne pour l’auteur la ferme-usine des « 1000 vaches » implantée à Drucat, dans la Somme, l’un des symboles les plus criants des dérives observées chez les industriels, ces « robots de l’agro (business) ».

Car dans ladite ferme, les vaches laitières sont tout simplement « incarcérées », explique Christian Laborde sur France Inter. « Le mot n’est pas trop fort », martèle-t-il : cantonnées dans « des logettes de béton », les vaches « y entrent et n’en sortent jamais, si ce n’est pour rejoindre l’abattoir ». 

« Durant ce séjour », poursuit l’auteur, les vaches « gavées de tourteaux protéinés (…) fournissent du lait » mais sont également « reliées à un méthaniseur, qui permet de fabriquer de l’électricité à partir de leur bouse – électricité que l’on vend à EDF », « si bien qu’elles sont réduites au statut d’esclaves : de machines à lait, de machines à viande et de machines à watts. » Et Christian Laborde de déplorer : « Il y a là dedans une cruauté absolument insupportable ».

La mort des petits producteurs

Alertées par le témoignage d’un ancien salarié qui dénonçait de surcroît, en juin 2015, les mauvais traitements infligés aux bêtes au sein de cette ferme, les autorités avaient bien fait mine de réagir en diligentant une inspection. Mais un avis favorable, rendu en février dernier par une commission d’enquête publique, devrait bientôt permettre à l’exploitation de s’agrandir et de compter dorénavant 880 vaches laitières, contre 763 en juillet 2015. Soit tout de même 263 de plus que le nombre autorisé à l’époque par la préfecture. 

Au-delà de la souffrance animale, ce système nuit aussi aux petits producteurs. « Il est clair », conclut en effet Christian Laborde, que « ce genre d’élevage carcéral permet de vendre le lait moins cher », donc qu’il va « tuer les petits agriculteurs, les petits producteurs (…), c’est la mort des petits paysans ». Comme le confirme aussitôt par téléphone une audititrice, productrice de lait en Normandie, qui travaille désormais à perte : « En mai, le lait va nous être payé 269 euros la tonne, c’est-à-dire… rien, ça ne couvre même plus les charges ».

*La cause des vaches, Christian Laborde, (éd. du Rocher).

 

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