Attentats de Paris : que deviennent les victimes, 6 mois après ce tragique vendredi 13

Six mois seulement, six mois déjà. Ce vendredi 13 mai, qui en rappelle un dramatique de novembre, le point avec les associations de victimes des attentats de Paris pour savoir où en sont les 350 blessés et leurs proches, ainsi que ceux des 130 personnes qui ont perdu la vie ce terrible soir d’automne.

Nous sommes un vendredi 13. La dernière fois que c’est arrivé, c’était en novembre 2015. Six mois jour pour jour se sont donc écoulés depuis les terribles attaques kamikazes aux abords du Stade de France, puis à Paris à des terrasses de cafés et dans la salle de concert du Bataclan. Des attentats qui ont fait 130 morts et 350 blessés, soit les plus meurtriers qu’ait connu la France. Par la suite, les victimes se sont regroupées en associations pour faire valoir leurs droits, obtenir réparation et surtout des réponses. Marianne fait le point avec elles.

Encore 23 blessés hospitalisés

Il y a les blessés, d’abord. Ceux qui n’ont toujours pas quitté l’hôpital depuis le 13 novembre 2015. A ce jour, 23 victimes des attentats sont encore hospitalisées, nous indique la Direction générale de la santé. Pour alléger leur fardeau, elles bénéficient de la gratuité des frais hospitaliers jusqu’au 30 novembre prochain. Un poids en moins mais ce délai est encore jugé « trop court » par les associations, qui soulignent que les blessures psychologiques mettront plus de temps que cela à guérir, et que la gestion du stress post-traumatique peut prendre des années. Des remarques qui posent la question du statut des victimes : qui peut en bénéficier ou pas ? Jointe par Marianne, la vice-présidente de l’association « Life for Paris », Caroline Langlade, estime qu’il faut « faire reconnaître un statut unique  » englobant aussi bien les blessés physiques que les psychologiques. Malgré l’invisibilité de leurs plaies, insiste-t-elle, ces derniers constituent en effet un « problème de santé public« , une « bombe à retardement« . Ainsi, une victime étrangère des attentats s’est suicidée il y a peu.

Un calvaire administratif

Le statut, c’est également la clé de l’indemnisation, l’autre gros combat des familles de disparus et des survivants. L’association « 13onze15 » avance le nombre de 2.000 dossiers déposés pour bénéficier du fonds de garantie des victimes du terrorisme (FGTI), créé en 1990 et rattaché aujourd’hui au secrétariat d’Aide aux victimes. Seulement, elles regrettent des lenteurs dans le traitement des dossiers : à ce jour, seules des provisions ont été versées aux victimes, c’est-à-dire une partie de l’indemnisation finale. Ce jeudi 12 mai, elles ont obtenu en plus une petite victoire du ministère du Budget, qui a accordé l’exonération d’impôts pour les familles des disparus. Un geste salué par 13onze15, qui estime toutefois que les blessés et leurs proches sont « les oubliés de la procédure« . « On ne veut pas demander une exonération totale pour tous les blessés et les rescapés, on ne veut pas abuser de notre position de victimes, nous explique son vice-président Emmanuel Domenach, en revanche certaines situations concrètes de familles de survivants posent problème, les attentats ayant causé à ceux qui n’ont pas pu retravailler une chute brutale de revenus« . Et de réclamer une étude au cas par cas de ces dossiers.

La bonne nouvelle du procès

Enfin, restent les questions qui hantent tant les survivants que les proches des disparus. « On veut savoir tout ce qui s’est passé« , martèle Emmanuel Domenach. Alors, quand Manuel Valls dit qu' »expliquer c’est déjà excuser« , le jeune homme voit rouge et juge la sortie du Premier ministre « obscène« . En revanche, quand certains s’indignent que Salah Abdeslam, récemment transféré à la prison de Fleury-Mérogis, soit défendu par un ténor du barreau, il souligne que ceux-là n’ont rien compris : « Les victimes vont avoir la chance d’avoir un procès« . Avec, peut-être, quelques explications sur l’impardonnable. « Et on préfère qu’Abdeslam ait un bon avocat mais qu’au moins, il soit jugé dans des conditions normales, de sorte que sa condamnation sera juste et inattaquable.«  Une manière, aussi, de « s’opposer à la barbarie de Daech« .

Mais avant d’en arriver à ce procès « qui va durer 15 à 20 ans« , comme le souligne Caroline Langlade, la priorité reste à la réparation financière et à la reconstruction psychologique. Pour preuve, « il y a encore des gens qui ne se sont pas porté partie civile, moi-même je ne l’ai fait que la semaine dernière. Les victimes ont d’abord besoin de temps pour se réparer« . Par conséquent, rien n’est prévu ce vendredi 13 mai pour commémorer ce soir tragique de l’automne dernier. « C’est trop frais, trop dur« , souffle Emmanuel Domenach. Et Caroline Langlade d’ajouter, comme une prière : « Il faut que les victimes puissent se reposer« . Et qu’on les aide à le faire.

 

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