La Chine compte bien obtenir de l’OMC le statut d’économie de marché d’ici à la fin de l’année, ce qui obligerait ses partenaires commerciaux à alléger leurs mesures anti-dumping pour laisser entrer plus de produits chinois. Mais les députés européens ne l’entendent pas de cette oreille, et l’ont fait savoir dans une résolution adoptée à une large majorité ce jeudi.
546 voix pour, 28 contre et 77 abstentions. Les députés européens ont adopté ce jeudi 12 mai en séance plénière une résolution s’opposant à la reconnaissance de la Chine comme une économie de marché dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un statut qui obligerait l’Union européenne à s’ouvrir un peu plus au marché chinois, avec tous les risques que cela comporterait pour la santé des entreprises et l’emploi.
Si la question se pose, c’est parce que cela fera bientôt 15 ans que la Chine est devenue membre de l’OMC, en 2001. Le protocole d’adhésion prévoyait alors qu’elle soit reconnue comme économie de marché au bout de cette période – c’est à dire à la fin de l’année 2016 – à condition qu’elle mène des réformes pour assurer une concurrence non faussée. « Si l’Europe reconnaît ce statut d’économie de marché, elle est censée supprimer les barrières anti-dumping. Ce serait une catastrophe, car cela permettrait à la Chine de déverser sur le marché européen des produits encore moins chers qu’ils ne le sont aujourd’hui », s’alarme auprès de Marianne l’eurodéputé socialiste Emmanuel Maurel, qui se félicite du vote de cette résolution à une « écrasante majorité » – à droite comme à gauche.
« La Chine n’est pas une économie de marché », assène le texte adopté à Strasbourg, car « elle ne satisfait toujours pas aux cinq critères établis par l’Union » pour attribuer ce statut. Le Parlement européen pointe notamment la forte influence de l’Etat chinois sur l’économie du pays, mais aussi la « surcapacité de production de la Chine », qui a déjà eu une « incidence néfaste sur le secteur européen de l’acier ». D’où son inquiétude sur « l’impact social de l’octroi du statut d’économie de marché à la Chine pour l’emploi dans l’Union ».
La résolution votée par les eurodéputés n’a pas de portée contraignante mais elle s’apparente à un sérieux avertissement pour la Commission européenne, en charge des négociations sur le sujet, et les ministres européens du Commerce, qui se réunissent ce vendredi 13 mai à Bruxelles. Le sujet chinois vient s’ajouter au dossier déjà brûlant du traité transatlantique, le fameux Tafta contre lequel la grogne monte côté européen.
La balle est désormais dans le camp des 28 gouvernements de l’UE, pas forcément raccord sur le sujet. « Des Etats comme la France et l’Italie poussent pour que l’Europe renforce ses défenses commerciales mais l’Allemagne est plus ambiguë », décrypte Emmanuel Maurel. Sans compter que « certains Etats n’osent pas parler publiquement, par peur de représailles ». Face au dragon chinois, l’Europe n’a plus que quelques mois pour trouver un terrain d’entente.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments