Dassault, Collomb, Rachline… Les noms des sénateurs absentéistes révélés

Quatorze sénateurs ont été sanctionnés financièrement en janvier, en raison de leur très faible assiduité, mais leur identité n’avait jamais été communiquée par la chambre haute. Un livre à paraître révèle leurs noms.

On connaissait leur nombre, mais pas leurs noms. Serge Dassault, Gérard Collomb, les deux élus du Front national et six élus d’outre-mer font partie des 14 sénateurs sanctionnés financièrement pour absentéisme, selon un livre à paraître le 2 juin. Ces sanctions avaient été annoncées en grande pompe en janvier par le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s’était refusé à communiqué l’identité des élus punis, au motif de ne pas « donner leurs noms en pâture »… Elles sont la conséquence de mesures mises en place par le même Larcher, soucieux de redorer l’image du palais du Luxembourg, souvent vu comme une luxueuse maison de retraite de la République.

Le livre Le Sénat. Un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes (éditions du Rocher) vient mettre des visages sur cette mystérieuse liste. Son auteur, le journaliste Yvan Stefanovitch, publie les noms des 14 sénateurs qui ont, selon lui, tous subi une retenue de 2.130 euros sur leur indemnité parlementaire. Il a établi leur identité à l’issue d’un travail de recueil de données sur leur présence aux votes des projets de loi, aux questions au gouvernement et aux réunions des commissions, les trois critères retenus pour sanctionner les sénateurs peu assidus.

Des cumulards à l' »agenda chargé »

L’avionneur Serge Dassault en fait partie. Le sénateur Les Républicains de Corbeil-Essonne, âgé de 90 ans, a en effet été absent à plus de la moitié des séances de questions orales au gouvernement au dernier trimestre 2015. Même sanction pour le socialiste Gérard Collomb, qui a lui aussi séché trop de séances de questions au gouvernement entre octobre et décembre 2015. Interrogée par France 2 en janvier, son équipe avait justifié ces absences par un « agenda chargé », et pour cause : Collomb cumule son mandat de sénateur avec ceux de maire de Lyon et de président de la métropole lyonnaise…

Les deux sénateurs frontistes ne brillent pas par leur présence en commission

Les deux sénateurs FN, élus en septembre 2014, ont eux aussi été sanctionnés. Stéphane Ravier, sénateur-maire du 7e secteur de Marseille, a non seulement séché la plupart des séances de questions, mais n’a aussi pas brillé par sa présence à la commission de la Culture, dont il est membre. Son voisin d’hémicycle, David Rachline, ne fait guère mieux. Certes, le sénateur-maire frontiste de Fréjus a assisté à la plupart des séances de questions orales au dernier trimestre 2015. Mais celui qui, à 28 ans, est le benjamin du Sénat, n’a pas daigné se rendre à la majorité des réunions de sa commission, celle de l’Aménagement du territoire et du Développement durable. Là aussi, la sanction est tombée : 2.130 euros en moins. Contacté par Marianne, David Rachline ne veut donner « ni confirmation, ni commentaire ». Quant à Stéphane Ravier, il nous envoie ce texto-pirouette plein d’ironie : « Je ne peux pas vous répondre, je suis au Sénat… »

Sur les 14 sénateurs sanctionnés, 6 sont des élus d’outre-mer, selon le livre d’Yvan Stefanovitch : Didier Robert (La Réunion), Jacques Gillot, (Guadeloupe), Hilarion Vendégou, Pierre Frogier (Nouvelle-Calédonie), Robert Laufoaulu (Wallis-et-Futuna) et Thani Mohamed Soilihi (Mayotte). Pourtant, le règlement du Sénat est particulièrement souple pour les sénateurs ultramarins, qui ont le droit à plus d’absence que leurs collègues de métropole. Hubert Falco, sénateur-maire LR de Toulon, Bruno Gilles, sénateur-maire LR du 3e secteur de Marseille et Jean-Pierre Masseret, sénateur PS de la Moselle, ont eux aussi été sanctionnés financièrement.

L’interrogation Placé

Enfin, Yvan Stefanovitch affirme dans son livre que Jean-Vincent Placé, ex-patron du groupe écologiste au Sénat, qui a été nommé au gouvernement en février, a lui aussi subi une retenue financière en raison d’un absentéisme trop prononcé. Il n’aurait assisté qu’à trois des neuf réunions de la commission des Affaires étrangères où sa présence était requise. Contacté par Marianne, celui qui est devenu secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat dément et ajoute que l’auteur de l’ouvrage « est bon pour un petit procès en diffamation, ainsi que son éditeur ». En janvier, le journal de 20 heures de France 2 indiquait que Jean-Vincent Placé n’avait pas été sanctionné, mais la chaîne s’est basée sur une comptabilisation des absences différente de celle du livre d’Yvan Stefanovitch.

[Mise à jour – 18:20] Placé sauvé par un voyage avec Hollande

Contacté par Marianne, le secrétaire général de la présidence du Sénat, Jean-Louis Hérin, dément l’information selon laquelle Jean-Vincent Placé a été sanctionné pour absentéisme. « Sur les sept réunions législatives de la commission des Affaires étrangères (celles où l’assiduité des sénateurs est prise en compte, ndlr), il a été présent à trois réunions et absents à trois autres », explique-t-il. Qui de la septième réunion ? « Il était en déplacement en Corée du Sud où il accompagnait le président de la République. Or, le président du Sénat considère qu’il s’agit d’une activité internationale contrainte, et qu’un sénateur ne peut être compté comme absent dans ce cas. » Une excuse qui permet à Jean-Vincent Placé de n’afficher que trois absences « officielles » sur sept réunions, donc moins de la moitié d’entre elles, ce qui lui évite une pénalité financière. Merci François Hollande !

 

 

 

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