Insultes, passage à tabac et, le 10 mai, un suicide en direct. En l’espace de quelques mois, l’application rachetée par Twitter en mars 2015 fait face à une escalade de la violence qu’elle semble ne pas réussir à contenir.
« C’est une fiotte ! » Cette injure, prononcée à l’encontre de Laurent Blanc, entraineur du PSG, par Serge Aurier, joueur du même club, toute la toile s’en souvient. L’échange se déroule dans la nuit du 13 au 14 février 2016, sur l’application Periscope. Avachi sur un canapé, Serge Aurier n’hésite pas à y insulter allégrement certains internautes entre deux parties de jeux vidéo. Mais quand l’un d’entre eux lui demande si Laurent Blanc « fait souvent la folle pas ? », le joueur dérape. Enregistrée, la vidéo fait les choux gras des médias et des réseaux sociaux, permettant par la même occasion un bon coup de pub à l’application qui se hausse rapidement en tête des téléchargements gratuits sur l’App Store d’Apple.
Ironie du sort, quinze jours plus tard, c’est le président de la République qui pâtit d’une mauvaise utilisation de Periscope. En déplacement dans les locaux du service de vente en ligne Showroomprivé, son service de communication est rapidement dépassé. En cause, des messages qui, au mieux, désapprouvent la politique de François Hollande, et vont jusqu’à l’insulter violemment. Le live est finalement interrompu après seulement vingt-quatre minutes.
Mais au mois d’avril, il n’est plus question d’insulte, et c’est une scène beaucoup plus grave qui se joue en direct. A Bordeaux, un vendredi soir, deux adolescents âgés de 15 et 16 ans ouvrent une session qu’ils intitulent assez explicitement « À 40, on met des K.O« . Le but est simple : quand quarante internautes se seront connectés, ils choisiront une cible et la lyncheront.
Les « spectateurs » affluent. Certains trouvent l’idée amusante, d’autres la déplorent et menacent les adolescents, sans pour autant se déconnecter. C’est finalement un jeune homme de 24 ans, ivre, qui est pris pour cible. Les coups pleuvent, même une fois la victime à terre. Face caméra, l’agresseur se vante et part d’un grand éclat de rire avant de prendre la fuite. Blessé à la mâchoire, le jeune homme se verra prescrire 21 jours d’ITT (interruption temporaire de travail).
Nouvelle escalade ce mardi. À 16h30, alors qu’elle est en direct sur Periscope, une jeune femme de 19 ans se jette sous le RER C à Egly (Essonne). Elle n’en réchappe pas. Au cours de la même journée, dans plusieurs vidéos, elle avait donné rendez-vous aux internautes qui la suivent et annoncé :
« Ce qui va être dit, ça va aller. Ce qui va se passer risque d’être très choquant. S’il y a des gens mineurs qui regardent tout à l’heure, ne restez pas.«
Certaines de ces vidéos, toujours en ligne, montrent une jeune fille aux longs cheveux noirs. Elle porte une chemise de la même couleur. On en sait encore très peu sur ce qui a pu pousser cette jeune adulte à un tel acte. D’après l’AFP, elle « aurait évoqué un viol et désigné son agresseur » sur Periscope.
Face à leurs écrans, les internautes sont terrifiés. La jeune femme vient de se donner la mort en direct, les images sont retransmises dans une vidéo en partie noire. « Elle a sauté en live ! » indique l’un d’entre eux, avant que d’autres ne prennent la décision d’alerter la gendarmerie. Avant de sauter, la jeune femme aurait envoyé un dernier sms à un proche. Le parquet d’Evry a ouvert une enquête ce mercredi pour faire toute la lumière sur l’événement. D’après Le Parisien, Periscope n’a pas souhaité commenter ce drame. Quant au réseau social Facebook, il annonçait il y a quelques jours l’amélioration de son outil de vidéo en direct nommé Facebook Live…
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments