Des députés communistes, écologistes, radicaux, du MRC et certains socialistes ont discuté ce mercredi pour élaborer ensemble une motion de censure des gauches contre la loi Travail. Leur mission : trouver 58 signataires avant 16h35. Ils ont finalement échoué à deux voix près.
Les téléphones vont chauffer aujourd’hui dans les rangs socialistes. Hier, mardi 10 mai, alors que le gouvernement dégainait le 49-3 pour faire passer au forceps la très controversée réforme du code du Travail, ils étaient un certain nombre, à gauche, à se rassembler autour d’André Chassaigne, le chef de file des parlementaires Front de gauche, pour tenter de s’accorder sur une motion de censure. Cette réunion a rassemblé hier soir la gauche parlementaire dans sa diversité, des écologistes avec Noël Mamère, des communistes dont Marie-George Buffet, des radicaux et même des socialistes « frondeurs ». Une motion des gauches pour répondre à la brutalité du 49-3. A la sortie de cette réunion, rien n’était encore acté côté socialiste. « On se réunira demain tranquillement et paisiblement et on prendra une décision collective avec l’ensemble de ceux qui, en étant au Parti socialiste, sont opposés à ce texte », expliquait alors l’ancienne ministre Aurélie Filippetti mardi soir, à BFMTV.
Ce mercredi matin, selon nos informations, ils sont une trentaine de parlementaires socialistes à s’être réunis dans le même objectif. « Nous avons acté collectivement que nous participerions à une motion des gauches », confie à Marianne l’un des députés socialistes frondeurs présent à cette réunion. Un texte qui rassemblerait outre les parlementaires communistes, socialistes et écologistes, des radicaux, MRC et des non-inscrits. « On part maintenant à la collecte des signatures. Nous avons 3 heures 30 devant nous », poursuit le socialiste. En effet, ils ont jusqu’à 16h35 aujourd’hui pour déposer leur motion de censure avec un objectif obligatoire de 58 signatures de parlementaires. C’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Et sans avoir de seconde option possible. Comme l’ont affirmé Christian Paul et Benoît Hamon, les frondeurs ne voteront pas la motion de censure déposée, par ailleurs, par la droite.
Dans cette course aux paraphes, Christian Paul et ses camarades ne pourront pas compter sur l’aide des Aubrystes, absents de la réunion de ce matin… Mais, ils ne désespérent pourtant pas : « Nous étions 30 uniquement PS, sans compter celles et ceux représentées par des collaborateurs, donc une quarantaine. Là on a un texte avec des premières signatures. On est dans le concret, ça peut inciter certains à sauter le pas », s’enthousiasme ce même député. Un pas qui pourrait conduire tout droit ces impétrants socialistes vers la sortie du PS… Nous ne sommes plus très loin du Big-Bang qui couve depuis des mois au Parti socialiste.
[Edit 18h40] La liste des 56 députés de gauche qui étaient prêts à porter une motion de censure a finalement été publiée. On y retrouve par exemple les anciens ministres Aurélie Filippetti, Cécile Duflot et Benoît Hamon. Plus surprenant, au côté des habituels « frondeurs » socialistes, se sont joints également Alexis Bachelay et Yann Galut, deux des députés qui avaient fondé avec Karine Berger « Cohérence socialiste », une sensibilité censée incarner une ligne entre les frondeurs et Valls. « Les frondeurs posent des questions légitimes or ils apportent des réponses dévastatrices », expliquait Bachelay au JDD. Il faut croire que la méthode Valls aura réussi l’exploit de leur faire adopter les réponses de la fronde…
Le projet de #MotionDeCensure de la gauche et des écologistes que nous aurions aimé déposer #DirectAN #LoiTravail pic.twitter.com/LQs1BfPJaO
— Laurent Baumel (@laurentbaumel) 11 mai 2016
Par contre, nulle trace des Aubrystes dans la liste. François Lamy, sur Twitter, s’est fendu d’un message pour expliquer cette absence : « Le Premier ministre divise et affaiblit suffisamment la gauche pour qu’on n’en rajoute pas en déposant une motion de censure qui ne pouvait pas être adoptée ». Histoire de prendre de court les éventuelles remarques de ses petits camarades. Avec les signatures des proches de la maire de Lille, la motion aurait en effet pu être déposée…
Le PM divise et affaiblit suffisamment la gche pour qu’on n’en rajoute pas en déposant une Mn de censure qui ne pouvait pas être adoptée
— François Lamy (@lamy_f) 11 mai 2016
On notera aussi la présence surprise du député centriste landais Jean Lassalle, bien décidé semble-t-il, à casser les frontières partisanes dans sa marche vers la présidentielle de 2017.
Se pose maintenant la question de l’avenir politique de ce « groupe informelle » de signataires. En septembre dernier, quatre d’entre eux publiaient dans les colonnes de Libération un appel à la constitution d’un nouveau groupe parlementaire « rouge-rose-vert » pour lutter contre les politiques d’austérité et lancer les prémices d’une refondation de leur camp politique. L’initiative s’était finalement brisée contre la logique partisane. Mais avec cette tentative d’une motion de gauche contre un gouvernement se réclamant de… la gauche, un premier tabou est tombé. Quelle sera la prochaine étape ?
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