Cette fois, il ne pouvait plus se retrancher derrière son service com’. Alors que l’affaire Denis Baupin secoue la classe politique, le ministre des Finances Michel Sapin a dû s’expliquer et s’excuser dans un communiqué du geste déplacé qu’il avait eu envers une journaliste à la conférence de Davos en janvier 2015. Ce qu’il avait refusé de faire il y a un mois.
« Il n’y avait dans mon attitude, aucune volonté agressive ou sexiste, mais le seul fait d’avoir choqué la personne en question démontre que ces paroles et ce geste étaient inaproppriés, et j’en ai été et en suis encore désolé. » Ces excuses, le ministre des Finances Michel Sapin a fini par les présenter ce mardi 10 mai dans un communiqué adressé à l’AFP.
En pleine affaire Baupin, la députée et ancienne ministre PS Delphine Batho les lui avait réclamées le jour même. « Il y a un ministre qui doit s’expliquer, présenter des excuses pour le moins », avait-elle déclaré aux médias devant l’Assemblée nationale, évoquant la nécessité d’un « grand ménage » chez les politiques en termes de harcèlement sexuel. En cause, le geste déplacé que Michel Sapin avait eu envers une journaliste lors de la conférence de Davos en janvier 2015. Mais sur lequel il s’était jusqu’à présent refusé à tout commentaire, menaçant même via son service de com’ d’engager des poursuites judiciaires « pour faire respecter les faits« .
Evoqué d’abord, sans nommer l’homme politique, dans la tribune « Bas les pattes« signée par le collectif du même nom dans Libération il y a un an, l’épisode avait par la suite été repris dans le livre Elysée Off, co-écrit par les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri. Allant plus loin que l’article du quotidien, le livre évoque carrément « le claquement de l’élastique d’une culotte« . Voici l’extrait en question :
« Ce ministre qui nous voyant penchées pour ramasser un stylo, ne peut retenir sa main en murmurant : ‘Ah mais qu’est-ce que vous me montrez là ?’, et qui fait claquer l’élastique de la culotte de la reporter en pantalon taille basse, c’est le locataire de Bercy.«
Réaction recueillie par les auteurs de la part du cabinet du ministre : cet épisode de Davos était « une blague potache« . Prenant conscience, à la publication du livre le 20 avril, que cette explication est un peu légère, le cabinet de Michel Sapin change alors son fusil d’épaule et apporte dans un communiqué « un démenti catégorique (à ces) allégations inexactes et calomnieuses« , se « réservant le droit d’engager toute action nécessaire pour faire respecter la réalité des faits« . A ce moment-là, point d’excuses, donc… mais des menaces.
Mais au vu du climat tendu cette semaine par l’affaire Baupin et de la mise en accusation publique de Delphine Batho, cette ligne de défense est à son tour devenue insuffisante : pas question de laisser le nom de Sapin rimer dans l’opinion avec celui de Baupin ! Le communiqué reconnaît d’ailleurs que ces explications sont données à cause des « circonstances actuelles » et « des témoignages effroyables et inacceptables de harcèlement ou d’agressions sexuelles« .
Alors, quelles sont les explications que donne aujourd’hui le ministre, un mois après avoir refusé de les livrer aux journalistes – de metronews notamment – qui ont appelé son cabinet ? Aucune mention de l’élastique d’une culotte qui claque. Michel Sapin aurait fait à une journaliste « une remarque sur sa tenue vestimentaire en posant ma main sur son dos« . Celle-ci aurait vivement réagi avant que tous deux ne s’expliquent, envoyant même un message au ministre la veille de la publication de l’ouvrage pour lui signifier qu’elle considérait cette histoire comme réglée entre eux « dès le premier jour« .
Communiqué de #MichelSapin à @afpfr pic.twitter.com/hhkBt8Tju8
— Hélène Fontanaud (@HeleneFontanaud) 10 mai 2016
Ce mercredi 11 mai, la députée PS Karine Berger a remercié sur Twitter Delphine Batho d’avoir remis cette histoire sur le devant de la scène. Michel Sapin peut en faire autant : grâce à elle, il a enfin pu présenter les excuses qui lui brûlaient manifestement les lèvres depuis un mois.
Merci Delphine d’avoir parlé du « geste déplacé » de M.Sapin, le BN du PS en avait fait de même lundi @BrunoLeRoux https://t.co/F0I3olFTJp
— Karine Berger (@Karine_Berger) 11 mai 2016
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