2017 : même Robert Hue aligne son candidat face à Hollande

Sébastien Nadot, jeune pousse en politique, a été désigné par le mouvement de Robert Hue, pourtant proche de François Hollande, pour porter les couleurs du Mouvement des progressistes à l’élection présidentielle de 2017. Un nouveau signe de l’effritement de la majorité du président de la République.

Entre Robert Hue et François Hollande, la rupture est consommée. L’ancien dirigeant communiste, pourtant l’un des fidèles du Président depuis 2012, vient d’aligner son propre candidat en vue de l’élection présidentielle de 2017. Après plusieurs jours d’un insupportable suspense alimenté sur les réseaux sociaux par des petites bandes dessinées, c’est finalement Sébastien Nadot, ancienne tête de liste du mouvement aux sénatoriales de 2014, qui portera les couleurs du Mouvement des Progressistes (MDP). Un choix justifié selon l’ancien secrétaire national du PCF par l’envie de « prendre à rebours l’élite politique que les Français ne supportent plus (…) Tous les hommes politiques disent qu’il faut le renouveau mais moi je l’applique, à moi-même pour commencer »

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Pierre Corneille, Le Cid. #Présidentielle2017 pic.twitter.com/18XnIrbNNW

— mdProgressistes (@mdProgressistes) 9 mai 2016

Sébastien Nadot, professeur de sport également docteur en Histoire, est à 43 ans une jeune pousse en politique. En 2013, après avoir entendu Robert Hue à la radio, il se décide à rencontrer son futur mentor lors d’une conférence à Toulouse. Un véritable coup de foudre. « En sortant, il me tutoyait et nous ne nous sommes plus quittés », confiait-il en 2014 à un journal toulousain. Lors des élections sénatoriales, un an à peine après son adhésion au mouvement, il se retrouve bombardé tête de liste en Haute-Garonne. Aujourd’hui, le candidat déclaré envisage surtout sa candidature comme « citoyenne, de renouveau, avec la volonté de donner aux électeurs un choix plus large que celui offert par des partis politiques en mauvais état ou le Front national ». « Il faut donner une véritable alternative aux jeunes électeurs », explique-t-il à Marianne. Conscient que le grand soir n’est pas forcément pour 2017, il souhaite surtout créer un déclic :

« Il faut susciter l’envie, montrer aux citoyens qui veulent faire de la politique que c’est possible. Qu’il n’y a pas besoin d’être un professionnel de la politique, notamment pour les prochaines législatives. Il faut faire sauter la frontière entre la politique et les citoyens ».

Jean-Noël Carpentier, député-maire du Val d’Oise et porte-parole du MDP, ne cache pas son enthousiasme : « C’est quelqu’un qui n’est pas dans le marigot politique, c’est un candidat de la vraie vie ». « Et pour les prochaines législatives, des Nadot, il va y en avoir des centaines », projette-t-il. Car le mouvement, en plus de reprendre son indépendance pour la présidentielle, souhaite prolonger son émancipation aux législatives de 2017.

« Une dérive libérale du gouvernement de Manuel Valls »

Politiquement, cette candidature scelle donc la rupture entre Robert Hue et François Hollande. L’ancien communiste avait pourtant été un fervent soutien du Président, lors de la primaire socialiste et à la présidentielle de 2012. Il avait même été pressenti pour entrer au gouvernement. Las, quatre ans plus tard, Robert Hue ne croit plus en son ex-champion. Au fil du quinquennat, la fracture s’est accentuée jusqu’à devenir un gouffre béant. La proposition sur la déchéance de nationalité puis le projet de loi Travail ont fait le reste. « Il y a une triste réalité depuis quelques mois, c’est une dérive libérale du gouvernement de Manuel Valls. Et cette dérive-là, il faut la stopper », s’indignait Jean-Noël Carpentier début mars auprès de Marianne. Sans toutefois fermer totalement la porte : « Le quinquennat n’est pas fini, il est encore possible de faire bouger les lignes », voulait-il encore croire. Lors des sénatoriales, Sébastien Nadot faisait déjà part à un journal local de ses interrogations sur la politique de François Hollande : « Beaucoup sont déçus de ce gouvernement. Ils se sentent trompés. Ils se demandent même si c’est un gouvernement de gauche qui est aux manettes… »

Le mouvement des Progressistes dans la rue contre la loi #ElKhomri et pour un plan d’urgence en faveur des jeunes. pic.twitter.com/imQ5ITlbk8

— Jeunes Progressistes (@Jeunes_mdP) 11 avril 2016

Aujourd’hui, si Jean-Noël Carpentier refuse d’utiliser le terme de rupture – « Il faut toujours garder l’espoir que la gauche puisse se retrouver et s’entendre », – cette candidature marque la fin de l’aventure commune avec François Hollande et le PS, débutée en 2012. « Oui, il y a bien une distance avec le PS et sa manière de vouloir organiser les débats », s’agace-t-il. Et de lâcher : « La gauche à la papa et les coups de talonnettes comme méthode, ça suffit ! La gauche ce n’est pas une caserne. La liberté est notre meilleur atout ».

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