"Quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin": le récit d'une élue LR

Au lendemain des accusations de harcèlement sexuel qui pèsent sur Denis Baupin, les témoignages se multiplient. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, la parole se libère. Une élue LR raconte ainsi une « scène de vie politique ordinaire » à base de « Quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin »…

« Quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin« . Quelques heures après les accusations d’agressions sexuelles portées contre Denis Baupin, vice-président démissionnaire de l’Assemblée nationale et ex-membre EELV, l’élue LR des Yvelines Aurore Bergé publiait sur son compte Facebook un texte froidement intitulé « Scène de la vie politique ordinaire« .

Cette scène se déroule pendant le conseil d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines auquel prend part la jeune femme lundi soir. Au moment des dépouillements, Aurore Bergé part échanger avec des élus. « Quand je te vois, j’ai envie de te faire une Baupin« , s’entend-elle dire, avant qu’un autre qui « a l’âge d’être son père » n’enchaîne, « quand on voit Aurore, on a le bâton de berger« . La jeune élue ébauche en quelques lignes le mécanisme infernal de la culpabilité. « Sidérée« , « bloquée« , elle se trouve « navrante » de ne rien oser dire, se demande même si elle a bien fait de mettre ce chemisier. Et c’est un rire nerveux qui vient finalement clore l’épisode.

Briser l’omerta

Cette sidération est la même que celle qu’avaient évoquée il y a un an les quarante femmes journalistes, signataires de la tribune de Libération intitulée « Bas les pattes« . Ce mardi, le quotidien enfonce le clou. Paraphé par plus de 500 militant(e)s et élu(e)s réunis au sein du collectif « Levons l’omerta », le long texte qui fait son ouverture a pour vocation de briser les tabous. Son titre, « Harcèlement et politique, pour que l’impunité cesse« , rappelle combien d’affaires de cette teneur ont déjà éclaté sans passer par la case justice. Et sa première phrase a le mérite d’être claire :

« Pour que ce soit le comportement des hommes qui changent et non celui des femmes qui s’adaptent, pour que les choses bougent enfin et que l’impunité cesse, pour que la culpabilité change de camp, il faut parler. »

Avant Baupin, DSK, Georges Tron ou Eric Raoult…

Mais comment expliquer qu’en un an les lignes n’aient pas bougé, qu’aucune mesure n’ait été prise au sein des partis ? Comment expliquer que des élus trouvent « amusant » de faire de graves accusations un bon mot graveleux ? À l’instar de l’expression « faire son DSK« , on serait maintenant en mesure de « faire une Baupin« .

Le témoignage d’Aurore Bergé et la tribune publiée ce jour dans Libération viennent nous rappeler que le harcèlement va au-delà des frontières politiques. Tant du côté de ceux qui le commettent que de celles qui le subissent. On se souvient pêle-mêle des affaires DSK, Georges Tron, l’ancien maire UMP de Draveil accusé d’agression sexuelle et de viol, ou Eric Raoult, l’ancien maire UMP du Raincy, accusé de harcèlement moral et sexuel. Le premier attend la date de son procès devant les assises de Seine-Saint-Denis à Bobigny, le second est toujours sous le coup d’une plainte pour harcèlement sexuel. Plus récemment, des rumeurs accusaient Michel Sapin, le ministre des Finances, d’avoir fait claquer la culotte d’une journaliste politique. L’intéressé avait « démenti catégoriquement« .

« Je mesure le courage qu’il a fallu à ces femmes pour prendre la parole. Ils ne changeront peut-être pas, mais nous oui. On parlera. Merci à elles. » conclut Aurore Bergé. 

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