Ce mardi 10 mai à l’Assemblée nationale, après l’annonce par Manuel Valls de l’utilisation du 49-3 pour faire passer la loi Travail, André Chassaigne, patron des députés Front de gauche, s’est livré à une lourde charge contre le gouvernement accusé d »‘user d’un triple coup de force » avec l’usage de « la procédure la plus anti-démocratique de notre Constitution ». Il a par la suite réuni une douzaine de députés frondeurs et écolos pour tenter d’élaborer ensemble une motion de censure.
Atmosphère tendue à l’Assemblée nationale. Après l’annonce de Manuel Valls de l’utilisation du 49-3 sur le projet de réforme du code du travail, le premier à prendre la parole est André Chassaigne, président du groupe Front de gauche à l’Assemblée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’élu communiste est passablement énervé. Face à ses collègues parlementaires, il se livre alors à une charge sans concession contre le Premier ministre :
« Monsieur le Premier ministre, vous venez d’annoncer le recours à la procédure la plus anti-démocratique de notre Constitution, l’article 49-3, pour empêcher la représentation nationale de débattre et de voter contre le projet de loi Travail. C’est là, la manifestation de l’impuissance d’un gouvernement replié sur lui-même pour ne pas dire aux abois qui, à défaut d’une majorité, préfère user d’un triple coup de force.
Coup de force contre le monde du travail qui signe une régression historique du droit du travail par la remise en cause des droits des salariés. Qui aurait pu imaginer qu’un gouvernement se réclamant de la gauche, ose ainsi anéantir notre modèle social, fierté de notre pays ? Qui aurait pu imaginer qu’un gouvernement se réclamant de la gauche balaye ainsi, d’un revers de main, le principe de faveur, grande conquête du Front populaire ? Coup de force aussi, sept Français sur dix rejettent cette réforme qui porte atteinte aux plus fragiles (…) Ils sont autant à refuser le recours au 49-3 témoignant ainsi de leur attachement au débat démocratique.
Coup de force enfin contre la représentation nationale privée de son rôle de législateur. Cette représentation nationale humiliée hier, par cette parodie de débat législatif sans vote. Cette représentation nationale qui vient de recevoir le coup de grâce. La manœuvre est grossière et elle est symptomatique d’un exécutif à la dérive. Elle vise simplement à empêcher le Parlement majoritairement contre ce texte de s’y opposer. Monsieur le Premier ministre, les députés du Front de gauche et bien au-delà, vous demandent solennellement de renouer avec les valeurs de la gauche et d’écouter les voix du peuple. »
Il a par la suite rassemblé des députés socialistes frondeurs, des écologistes et des élus du Front de gauche pour « tenter d’élaborer » ensemble « une motion de censure de gauche » dans le but de faire tomber le gouvernement. Il faut réunir 58 députés pour établir une telle motion de censure et la soumettre au vote de l’Assemblée nationale. Selon nos informations, une douzaine d’écolos et de frondeurs étaient présents à cette réunion. [Plus d’informations à venir…]
De son côté Jean-Luc Mélenchon, candidat déclaré à la présidentielle de 2017, a appelé les députés de gauche à voter une motion de censure. D’où qu’elle vienne…
L’année dernière, alors que Manuel Valls avait déjà dégainé le 49-3 pour faire passer la loi Macron, le fondateur du Parti de gauche avait émis des réserves quant au vote d’une motion de censure portée par la droite. « Il n’y a aucune chance que cette motion de censure passe. Donc qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite dans une aventure pareille ? », expliquait-il sur France Info.
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