Harcèlement sexuel : combien d'"affaires Baupin" à venir ?

Les accusations de harcèlement sexuel qui pèsent depuis lundi sur l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale Denis Baupin ont libéré la parole. Ce mardi, l’ancienne ministre Delphine Batho a appelé un ministre, Michel Sapin, à « s’expliquer » sur les accusations dont lui-même a récemment été l’objet. Chez Les Républicains, Christian Jacob ne veut rien voir. Et pendant ce temps-là, les journalistes continuent de creuser…

« Il doit s’expliquer« . Au lendemain des accusations de harcèlement sexuel envers l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale Denis Baupin, la députée PS et ex-ministre de l’écologie Delphine Batho a sommé devant la presse ce mardi 10 mai un ministre en place, Michel Sapin, de s’expliquer. Celui-ci aurait eu un geste plus que déplacé à l’égard d’une journaliste. D’abord évoquée de façon anonyme par le collectif « Bas les pattes«  dans une tribune publiée dans Libération il y a tout juste un an – où quarante femmes journalistes dénonçaient le sexisme des hommes politiques à leur égard -, la scène a ensuite été relayée dans le livre Elysée Off, co-écrit par les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri. Les auteurs y ont outé le ministre des Finances, qui n’aurait selon eux « pas pu retenir sa main » alors qu’une journaliste se penchait pour ramasser son stylo, accompagnant son geste d’un « Ah mais qu’est-ce que vous me montrez là ? ». Quand le livre est sorti fin avril, Michel Sapin a fermement démenti cette accusation mais Delphine Batho ne veut pas en rester là :

« Maintenant, il faut faire le grand ménage. Il y a un ministre qui doit s’expliquer, présenter des excuses pour le moins. Aucun parti n’échappe à une complicité sous forme d’omerta. [Les accusations contre Denis Baupin] ne sont que la partie émergée de l’iceberg« .

D’autres révélations à venir ?

Quand certains demandent des comptes, d’autres ne veulent rien voir. C’était le cas ce mardi matin sur Europe 1 de Christian Jacob, président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Réagissant à une question du journaliste Jean-Pierre Elkabbach sur de possibles affaires similaires au sein de son parti, il a refusé de voir le loup dans sa propre bergerie : « L’omerta, c’est pas dans la classe politique, c’est chez les Verts qu’il y a eu un sujet ! Ou peut-être chez les journalistes… » Quelques minutes plus tard, la journaliste de Libération Laure Bretton promettait tout autre chose sur son compte Twitter :  

#Baupin: la droite pérore en mode « c’est pas nous les rétrogrades c’est la gauche nananère ». faites gaffe les gars… #enquêtes #tictac

— laure bretton (@laurebretton) 10 mai 2016

Une enquête serait-elle en préparation pour dénoncer d’autres pratiques douteuses, voire passibles de poursuites ? En tout cas, Christian Jacob a la mémoire courte. Avant que l’Union pour un mouvement populaire (UMP) ne devienne Les Républicains (LR) en mai 2015, les affaires impliquant ses membres ne se comptaient plus. En 1996, le député-maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, était accusé par sa maitresse de « viol et menaces avec armes« . Quatorze ans plus tard, une de ses anciennes suppléantes, Marie-Claire Restoux, évoquait les paroles déplacées qu’il lui aurait adressées avant de démissionner. En 2011, deux employées de Georges Tron, maire UMP de Draveil, l’accusaient de viols aggravés et d’agressions sexuelles. Ce dernier attend aujourd’hui la date de son procès pour viols devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis.

Deux ans plus tard, c’est Eric Raoult, ancien député et ancien maire du Raincy, que son ex-femme accusait de violences conjugales. En 2014, il était visé par une plainte pour harcèlement sexuel de la part d’une ex-collaboratrice à qui il aurait envoyé quelque 15.000 sms entre cotobre 2011 et juin 2012. L’élu répondra à ces accusations en évoquant « un moment de faiblesse pendant (son) premier accident vasculaire cérébral » et des messages « écrits sur le ton de l’humour« . Certains de ces messages – « Vous êtes trop chaude ? » ou encore « Agnès, la reine des carresses » – laissaient pourtant peu entrevoir le ton de la blague. 

Les années ont aussi démontré que la gauche ne dérogeait pas à la règle. On ne détaille plus l' »affaire DSK », tristement célèbre en la matière. Une décennie auparavant, c’était l’actuel ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités sociales, Jean-Michel Baylet, qui était visé par une plainte pour violence. Selon les révélations récentes du site Buzzfeed, l’associée à l’origine de l’accusation aurait retiré sa plainte après avoir accepté une transaction financière secrète et le dossier a été classé sans suite. Voyons combien « d’affaires » de la même teneur seront révélées dans les semaines ou les mois à venir… 

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