Un médecin de La Pitié-Salpêtrière soupçonné de racketter des migrants

Alors que la crise des migrants ne désenfle pas, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a annoncé ce mardi la suspension provisoire d’un praticien. Il est soupçonné de racket sur des patients en situation irrégulière.

Aide à l’obtention de faux certificats médicaux, escroquerie, trafic d’influence, voire aide au séjour irrégulier. D’après le journal Le Monde, la liste des infractions reprochées à un hépatologue réputé de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière est longue. Membre de l’équipe du service d’hépato-gastro-entérologie de l’établissement, Yves B. est soupçonné d’avoir demandé de l’argent en liquide à des patients bénéficiant de l’Aide Médicale de l’Etat (AME).

Mis en place en 2000 par Bernard Kouchner et Martine Aubry, remplaçant ainsi l’Aide Médicale Gratuite, ce dispositif permet la prise en charge à 100% par l’assurance-maladie des soins prodigués aux étrangers en situation irrégulière. Pas besoin, donc, d’avancer quelques frais que ce soit. Le 3 mai dernier, quand un patient bénéficiant de l’AME évoque auprès d’un bénévole une consultation pendant laquelle on lui a demandé du liquide, ce dernier décide d’alerter l’AP-HP. D’après l’établissement public de santé, le patient « aurait versé à plusieurs reprises des sommes d’argent en espèce (…) pour obtenir la délivrance d’un certificat médical permettant d’initier la procédure de demande de titre de séjour pour raisons de santé« . C’est par un intermédiaire que le patient aurait été mis en lien avec le praticien. Et il serait loin d’être le seul concerné. 

Selon Le Monde, l’AP-HP n’a pas encore été en mesure d’apprécier totalement l’ampleur de l’affaire : combien de personnes sont concernées ? Quel montant a été perçu ? L’AP-HP a cependant jugé les charges suffisamment sérieuses pour prendre des mesures. Elle a annoncé le signalement des faits à la justice et au Conseil de l’ordre compétent ainsi que la suspension à titre provisoire du médecin

Des antécédents judiciaires

Le praticien mis en cause a déjà eu affaire à la justice pour des faits bien différents. En novembre 2010, en déplacement à Boston pour une conférence médicale, il est arrêté par le FBI. En cause, des accusations de fraude dans une affaire de délit d’initiés. Le 21 décembre 2011, Yves B. est condamné à une peine couverte par la détention qu’il a déjà effectuée. S’y ajoutent trois ans en liberté surveillée en raison de la coopération dont il a fait preuve dans l’enquête. De retour en France, l’hépatologue reprend comme si de rien n’était ses activités au sein de la Pitié-Salpêtrière.

Le parquet de Paris doit se prononcer dans les jours à venir sur les suites qu’il souhaite donner à cette affaire.

 

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