En 2013, Vanessa Jérome, chercheuse et militante écologiste, rédige un article universitaire sur les questions de sexualité au sein d’EELV. Elle évoque alors l’existence d’un « DSK des Verts », sans pour autant mentionner de nom… Une étude qui ressurgit alors que le député écolo Denis Baupin est aujourd’hui accusé de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle par des élues, et alors que la question de l’omerta dans le parti est posée.
Les faits énoncés par la chercheuse Vanessa Jérome dans un article de 2013 ont aujourd’hui une résonnance particulière. A l’époque, en 2013, l’expression « DSK des Verts » passe inaperçue. L’article est pour sa part limpide. Dans une partie consacrée à la « conjugalité verte », et retrouvé par Slate, Vanessa Jérome, par ailleurs militante écologiste, dénonce « une affaire, citée par la rumeur mais jamais dénoncée, du harcèlement sexuel auquel se livrerait un élu depuis plusieurs années« . Elle va plus loin en décrivant les manœuvres dont l’affaire aurait donné lieu dans les hautes instances, sans pour autant apporter de preuves :
« Cette affaire aurait même suscité l’intervention d’une dirigeante, proposant d’importantes sommes d’argent aux salariés du siège harcelées afin qu’elles ne déposent pas plainte. (..). Sorte de « DSK des Verts », cet élu semble bénéficier d’une forme de bienveillance, qui n’est pas sans rappeler celle dont bénéficie Dominique Strauss-Kahn. »
Toujours pas de nom. Jusqu’en novembre 2013, Pascal Durant était dirigeant d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) avant d’être remplacé par Emmanuelle Cosse, aujourd’hui au coeur de l’affaire Baupin à cause des accusations visant son époux. Une enquête conjointe de Mediapart et France inter a en effet révélé que plusieurs élues ou anciennes élues EELV accusent Denis Baupin de harcèlement et d’agression sexuelle. Les témoignages sont accablants. Le député a depuis présenté sa démission de la vice-présidence de l’Assemblée nationale mais parle d’allégations « mensongères et diffamatoires« .
Selon France Inter, une autre alerte a eu lieu en mai 2015 lors d’un conseil fédéral d’EELV. La présidente de la commission féminisme du parti, Dominique Trichet-Allaire, interpelle ses camarades sur des témoignages que son instance a recueillis en interne. Face à eux, elle parle alors de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle et de viol. Selon des participants, les réactions sont disparates. Tandis que certains la huent, d’autres la félicite.
Malgré toutes ces allusions, malgré toutes ces brèches ouvertes, l’omerta au sein d’EELV reste totale. Depuis, les langues se délient. Oui, « tout le monde savait« confie Clémentine Autain, conseillère régionale d’Ile-de-France (Front de Gauche). « Il y avait des rumeurs, mais personne n’avait mis les faits sur la place publique« , se désespère Julien Bayou, porte parole d’EELV. Pour Yves Contassot, membre du parti, « même si le nom de Denis n’était pas évoqué, tout le monde se disait ‘c’est possible qu’il soit implicitement dans les cas qui étaient évoqués’. On parlait de harcèlement, de viols..« .
Vanessa Jérome savait-elle qui était ce « DSK des Verts » ? Elle précise sur son compte Twitter ne pas répondre aux demandes d’interviews.
Dans ce même article universitaire, elle s’interroge, décrit des faits, des situations au sein d’EELV qui tombent sous le coup de la loi. La politiste affirme que dans le parti caractérisé par une « identité libertaire« , certains commentaires et pratiques « interrogent plus directement le seuil de tolérance des vert-e-s aux violences de genre« . Elle va plus loin encore en constatant :
« L’officialisation du statut de « seconde femme », y compris contre le consentement de la concernée, les violences conjugales commises par tel parlementaire, ou les rumeurs de harcèlement sexuel sur les salariées du siège du parti ou sur les « petites mains » des groupes d’élu-e-s, sont parfois abordés avec une relative légèreté. »
Alors Denis Baupin était-il le « DSK des Verts » décrit dans ce document publié en 2013 ? Vanessa Jérome visait peut-être quelqu’un d’autre. Dans ce dernier cas, le loup cours toujours. Et l’omerta aussi.
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